#85 Change Now : le pouvoir de l’éducation pour la transition et la stratégie climat

L’éducation et la sensibilisation aux enjeux climatiques restent primordiales car elles permettent de former les décideurs, les entreprises et la société dans son ensemble à prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique. Dans cette série de 5 épisodes, nous allons à la rencontre des speakers du salon ChangeNow, dirigeants et activistes, pour qu’ils nous racontent leurs actions concrètes pour la planète en associant toutes les parties-prenantes. Aujourd’hui, je rencontre Cédric Ringenbach, fondateur de la fresque du climat et CEO de Blue Choice spécialisé dans le conseil pour les entreprises en transition écologique. Dans cet épisode nous parlons d’éducation, de stratégie climat et des COPs.

Bienvenue sur 2Goodmedia, le conscious media sur la transformation des industries qui couvre les grands salons professionnels, en France et à l’étranger. Aujourd’hui je vous amène à ChangeNow, le plus grand salon de solutions pour la planète, qui réunit toute la diversité des acteurs de l’impact social & environnemental à Paris. Dans un monde en crise, où chacun fait face à des exigences contradictoires, comment définir chacun à son niveau le sens de l’action ? Bonne écoute ! 

26 Mars 2024 | Paris – Change Now

De Delphine Souquet & Julien Barrault

1, 2, 3 … sur 2Goodmedia

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2 Idées à retenir

L’education et la conscientisation reste un enjeu primordial pour la transition

1. Niveau d’éducation des décideurs : Cedric mentionne que même les décideurs et les dirigeants d’entreprises ne sont pas toujours bien informés sur les enjeux climatiques. Il souligne que le travail de sensibilisation doit être fait à tous les niveaux.
2. Outils éducatifs comme la Fresque du Climat : Cedric mentionne l’outil de la Fresque du Climat comme un exemple d’approche éducative efficace. Il explique que cet atelier permet de réunir des personnes de différents niveaux d’éducation et de connaissances et de les sensibiliser aux enjeux climatiques.
3. Formation continue : Cedric souligne que la sensibilisation et la formation ne s’arrêtent pas à un seul atelier, mais doivent être continues. Il évoque la nécessité de se former sur d’autres sujets liés à l’environnement en plus du climat, et de continuer à se tenir informé des dernières avancées dans le domaine.

Pourquoi faut-il évaluer le risque de la transition?

Préparation des entreprises à la transition climatique : Cedric met en avant l’importance de préparer les entreprises à la transition climatique en les aidant à comprendre les impacts potentiels sur leur modèle économique. Il souligne que cette préparation est essentielle pour éviter que les entreprises s’opposent aux mesures climatiques prises par les décideurs politiques.

En résumé, l’éducation et la sensibilisation aux enjeux climatiques restent primordiales car elles permettent de former les décideurs, les entreprises et la société dans son ensemble à prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique.

3 Questions tirées de la discussion

Quel est le rôle de l’éducation dans la problématique de l’environnement & du climat ?

Delphine Souquet: [00:06:02] Donc toi, si on parle de ton actualité justement, tu as annoncé te concentrer sur la transition et sur la formation, l’éducation des dirigeants et des négociateurs sur les sujets du climat. Est ce que tu peux nous en dire plus justement par rapport à ton parcours sur ces sujets? Où est ce que tu penses, toi, avoir de l’impact aujourd’hui, en France et à l’international? [00:06:26]

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Cédric Ringenbach: [00:06:28] Alors l’outil de la fresque, c’est ce qui est puissant, c’est qu’il s’adresse à tout le monde. C’est un atelier qui permet de mettre des gens autour d’une table, de faire fonctionner l’intelligence collective et quel que soit leur niveau d’éducation, leur niveau de connaissances sur le sujet. Ils vont faire l’exercice, beaucoup apprendre et repartir en général un peu chamboulés. Donc ensuite on le décline dans plein de contextes différents: il y en a qui vont le faire dans les écoles, dans des associations, dans les entreprises, etc. Donc moi, via le cabinet Blue Choice, on anime la fresque très souvent dans des entreprises et notamment il m’arrive régulièrement de le faire dans des Comex, y compris de très grandes entreprises.

L’outil de la fresque, ce qui est puissant, c’est qu’il s’adresse à tout le monde. C’est un atelier qui permet de mettre des gens autour d’une table, de faire fonctionner l’intelligence collective et quel que soit leur niveau d’éducation, leur niveau de connaissances sur le sujet.

Cédric Ringenbach

Et en fait, ce qui est assez, comment dire, un peu décevant si je puis dire, c’est qu’on s’attend avec des gens d’un très haut niveau de responsabilité à ce qu’ils connaissent mieux le sujet que d’autres, et en fait pas tant que ça. Ils ne sont pas experts du climat plus que la moyenne. Et donc ça renforce la conviction que le travail de sensibilisation, il reste à faire à tous les niveaux. On a également fait l’atelier dans des cabinets ministériels l’année dernière. Il y a un an et demi, on en a fait un certain nombre comme ça. Et c’est pareil, c’était le même constat. Il y avait évidemment, il y a toujours une ou deux personnes très sensibilisées qui ont lu tout Jancovici, le GIEC, etc. Et qui connaissent mieux que les autres. Mais sinon le reste de ces équipes n’étaient pas plus acculturés que ça. Donc il y a encore un gros enjeu à former tout le monde. Enfin déjà à les sensibiliser, leur faire prendre conscience que le climat, c’est un sujet.

L’éducation pour le climat en France

Avec la fresque, ça m’a donné l’occasion de voyager et j’ai pu interroger les fresques sur place qui sont souvent des Français expatriés mais qui sont quand même suffisamment implantés dans le tissu économique pour pouvoir témoigner. Et je leur ai demandé si dans les pays où ils étaient et ce qu’ils avaient connaissance de l’équivalent de certaines initiatives pour l’éducation et l’action qu’on a en France : l’équivalent du Shift Project, l’équivalent de la fresque du climat, l’équivalent de l’association Avenir climatique Climat, la Convention citoyenne pour le climat, la Convention des entreprises pour le climat, Printemps écologie qui est un syndicat et donc tout ça et tous ces projets là. Et j’oublie même pour un écologique les étudiants qui se sont réunis pour signer des manifestes.

Et alors à chaque fois, ils me disent non, ça n’existe pas parce que si ça existait, on serait au courant et j’ai l’impression qu’il y a vraiment quelque chose qui se passe en France. Et moi, mon explication, je. Je pense qu’il y a particulièrement une personne qui est un peu à l’origine de tout ça, c’est que depuis 2000 à peu près, il y a un monsieur qui s’appelle Jean-Marc Jancovici qui fait des conférences sur le climat de façon inlassable, qui a monté le projet, etc. Et cette personne a convaincu des gens qui eux mêmes ont lancé des initiatives et j’en fais partie. C’est lui qui m’a qui m’a sensibilisé aux enjeux climatiques.

Ensuite, la fresque, c’est que le début c’est vraiment que la première brique. Donc après il faut continuer à se former, peut être se former au bilan carbone, apprendre à lire un bilan carbone, se former sur d’autres sujets que le climat également. Parce qu’évidemment il n’y a pas que le climat dans les enjeux environnementaux et on a encore beaucoup de pain sur la planche. [00:08:37]

Avoir de l’impact pour l’écologie, à toutes les échelles

Delphine Souquet: [00:13:12] Et j’entendais quelque chose de très intéressant sur une conférence, que sur la biodiversité, donc on parlait du fait que l’assessement était très important, qu’on n’a pas toujours les datas etc… Mais que même si on avait toutes les datas, ça voudrait pas dire qu’on irait sur ce qu’on doit faire. Donc ça c’est intéressant quand on y réfléchit. [00:13:33]

Cédric Ringenbach: [00:13:55] Exactement, il faut travailler à tous les niveaux. Il faut sortir du triangle de l’inaction qui est que: les politiques, les entreprises et les citoyens se rejettent tous la faute. Et il faut sortir de là et se dire “OK, moi mon niveau, sur quoi est ce que je peux agir, si je n’ai pas de prise sur un sujet?” Eh bien autant ne pas en parler, autant s’occuper d’autre chose.

Il faut sortir du triangle de l’inaction qui est que: les politiques, les entreprises et les citoyens se rejettent tous la faute.

Cédric Ringenbach

Donc si je n’ai pas de prise sur ce que les politiques peuvent faire ou pas faire, je vais me concentrer sur ce que moi je peux faire à mon niveau, en tant qu’entreprise ou en tant que citoyen. Si je suis un politique, je vais écouter les citoyens, les entreprises et puis je vais me former et je vais prendre des décisions qui sont au niveau des attentes des uns et des autres en termes de transition. Les entreprises aussi, elles ont leur rôle à jouer. En bref, tout le monde a son rôle à jouer. Il faut surtout arrêter de regarder la paille dans l’œil du voisin ou la poutre dans l’œil du voisin. Parce qu’en fait, on a tous notre lot d’actions sur lesquelles on peut agir et il faut se concentrer là dessus. [00:15:02]

Comprendre le rôle des COPs pour le climat

Delphine Souquet: [00:21:07] Il y a un sujet que je souhaiterais aborder : tu as participé à de nombreuses COPs et donc tu faisais une distinction claire entre obtenir un accord et obtenir des résultats. C’est un sujet de préoccupation, pour cette part, cette transition que l’on a. Est ce que tu peux éclairer un peu justement les auditeurs sur ce qu’il se passe dans les COPs et ce qui sort des COPs et en quoi ça fait avancer, ou non la transformation et la transition? [00:21:46]

Cédric Ringenbach: [00:21:47] Je ne suis pas un expert des COPs, ce sont des process de négociation très longs, très fastidieux. Dans des séries de réunions avec plusieurs dizaines de personnes autour d’une table qui prennent la parole les uns après les autres, sans même forcément répondre à ce que les autres ont dit juste avant, Ils ont chacun leur message à passer et ils vont s’exprimer sur un texte en proposant des modifications du texte et en jouant donc un jeu de lobbying pour défendre chacun leurs intérêts respectifs. Et puis à la fin, ça donne un texte.

Donc de temps en temps, il y a un agenda particulier, comme à la COP 21 avec l’accord de Paris. C’était qu’il fallait décider de la suite de l’accord de Kyoto. Donc il y avait de grosses attentes. Avant ça, il y avait eu Copenhague aussi, où Copenhague était déjà censé prendre la suite de l’accord de Kyoto et ça a été un échec. L’Accord de Paris a eu beaucoup plus de succès. Mais donc c’est des discussions très longues pour arriver à mettre d’accord un certain nombre de pays et obtenir un consensus, donc un consensus ce n’est pas l’unanimité. On n’est pas obligé d’avoir tout le monde, tout le monde. Un pays seul ne peut pas s’opposer au consensus. Il faut qu’il embarque quelques personnes avec lui même. Et donc il y a plusieurs sujets de négociation. Évidemment, il y a la réduction des émissions de CO2, il y a le financement des pays du Sud, il y a les derniers enjeux, c’était la compensation pour ce qu’on appelle la perte des dommages, donc la compensation pour les pays qui ont souffert des conséquences du changement climatique.

Et d’ailleurs, dans les sujets de discussion, il est censé y avoir celui qui consiste à parler d’information, de formation et de sensibilisation aux enjeux climatiques, que ce soit pour le grand public ou pour les décideurs. Et ce sujet passe complètement à la trappe dans les négociations climat, malheureusement, et je pense qu’il devrait être abordé en tout premier parce que la connaissance, c’est la première brique de n’importe quelle transition, en tout cas celle du climat, on a bien compris que tant qu’on n’est pas au courant, on ne va pas se bouger. Donc voilà en quelques mots, les négos climat, donc celles qui sont en cours n’ont pas, n’ont pas des enjeux aussi importants que celui de l’accord de Paris. Mais assez vite ça va revenir avec des avec des agendas plus importants dans les COPs à venir. 

[00:24:25] La prochaine COP a lieu à Bakou, en Azerbaïdjan, c’est la COP 29. Et puis celle d’après, ce sera à Belém, au Brésil et ce sera la COP 30. Voilà, donc j’ai prévu d’y être et on sera un certain nombre de Français à mettre l’ambiance. [00:24:40][14.7]

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