#77 Expérimenter avec les NFT d’Art dans le monde de l’hôtellerie

NFT Legacy collection Molitor Piscine Paris

Dans cet épisode captivant, plongez dans l’univers fascinant de l’art numérique et des NFT (Tokens Non Fongibles) au cœur de l’Hôtel Molitor à Paris avec la Legacy collection. Ce podcast vous offre un aperçu privilégié de la convergence de la technologie, de la créativité et de l’hospitalité, offrant une perspective précieuse sur les collaborations cross-industries entre l’art numérique et les NFT dans l’industrie hôtelière. Expérimenter avec les NFT d’Art : une conversation en 3 parties pour mieux comprendre ce qu’est un Proof of concept (POC) dans le web3 associant trois industries, les technologies numériques, le monde artistique et l’industrie de l’hospitalité.

A écouter 🎧

7 Septembre 2023 | Paris – Hotel Molitor

De Delphine Souquet

Rejoignez-nous dans ce podcast reportage alors que nous explorons la fusion passionnante de l’art urbain et de l’industrie hôtelière.

Nos trois invités vous guideront à travers cette expérience unique. Tout d’abord, le directeur de l’Hôtel Molitor nous offre un aperçu exclusif des coulisses du lancement de la première collection de NFT dans un hôtel de luxe, partageant les motivations et les défis derrière cette initiative visionnaire. Ensuite, l’agence Artcare, pionnière dans l’intégration de l’art numérique dans des espaces physiques, nous plonge dans les détails de la collaboration artistique et technologique qui a permis de donner vie à cette collection unique de NFT.

Enfin, l’artiste Marko93, dont le talent artistique est au cœur de cette collection, nous fait découvrir son processus créatif, ses inspirations et la façon dont les NFT transforment le monde de l’art.

Édito

NFT Legacy collection au Molitor

Delphine Souquet [00:00:07] Bienvenue sur 2Goodmedia pour un nouvel épisode dans le monde de la créativité et aujourd’hui du numérique. On va parler plus spécifiquement de NFTs d’art. Mais qu’est ce que l’art? Nietzsche est peut être un des philosophes qui en a le mieux parlé. Il écrivait : l’Art et rien que l’Art. Pour lui, l’Art est le propre de la vie et l’artiste est justement celui qui ne cesse de produire, du bon et du médiocre, qui discrimine par son intelligence, qui invente, qui ose, qui rejette, qui choisit et combine… Dans ce podcast, je vous emmène à la rencontre de ceux qui font les projets d’innovation et de transformation dans les industries créatives. Dans cet épisode, plongez avec moi dans le grand bain des NFTs d’art à l’hôtel Molitor. Le Molitor est bien connu des Parisiens pour sa célèbre piscine et qui se révèle aussi un haut lieu de l’art graffiti et du street art. Car les anciennes cabines d’essayage ont été designées par les grands noms du street art.

Mais la question qui se posait : comment prolonger la vie d’une œuvre d’art éphémère, en utilisant les nouvelles technologies? Puisque les œuvres qui étaient dans ces cabines étaient destinées à être remplacées lors de leur rénovation. J’ai rendez vous aujourd’hui avec Gregory Millon, le directeur de l’hôtel Molitor ; Marko 93, l’un des trois artistes sélectionnés pour la collection de NFTs et Sandrine Decorde, la fondatrice de l’agence Artcare, pour me raconter en détail la genèse du projet The Legacy Collection. Un POC qui mêle technologie, art et industrie de l’hôtellerie avec L’innovation Lab du groupe Accor. Bonne écoute.

Partie 1 : Comment placer l’innovation technologique au coeur de l’experience creative avec Artcare

NFT Legacy collection au Molitor

Sandrine Decorde [00:01:57] Je suis Sandrine Decorde. J’ai créé le Studio Artcare et nous menons des projets d’innovation alliant art et technologie pour différents clients de différentes marques dans les univers créatifs du luxe, de l’industrie, du cinéma, de l’hôtellerie, de l’hospitalité.

Aujourd’hui, nous sommes dans l’industrie du luxe et de l’hôtellerie. Est ce que tu peux me présenter La Legacy collection de l’Hôtel Molitor avec les NFT d’Art?

The Legacy Project, c’est un projet que nous avons co-créé avec le Molitor, ce lieu incroyable d’hospitalité qui a toujours eu de l’art urbain en son sein. Le directeur de l’hôtel, Grégory Millon. Il s’est demandé quelles technologies pouvaient permettre d’archiver à l’identique ces fameuses cabines sous un nouveau format. Parce que en fait, la prise de vue photographique n’était pas du tout suffisante puisqu’on est sur des cabines, donc un format 3D. Donc, on a accompagné le Molitor et la direction de l’innovation du groupe Accor qui est partie prenante de ce projet, pour justement co-construire une démarche qui allie archivage et inscription des œuvres d’art sur la blockchain. Travaille avec les artistes sur un projet d’innovation artistique puisque chaque cabinet et chaque artiste a réécrit sous un format d’art son œuvre et création d’une communauté autour de cette passion de l’art urbain et de cet actif historique que sont les œuvres d’art.

À Molitor, on est en fait sur un projet de mémoire, un projet qui a du sens et un projet d’innovation technologique en fait?

Alors, en fait, on voit que la technologie, la blockchain et le NFT, la blockchain Ethereum, sert le projet et répond à une problématique qui est celle de l’inscription de ce patrimoine artistique éphémère par essence, puisque c’est de l’art urbain sur la blockchain qui est celle aussi de rendre aux passionnés et aux collectionneurs une petite part de ces cabines d’où l’art fractionné et les collections d’art fractionné autour des cabines.

Et aussi, le sujet qui tient à cœur de l’hôtel Molitor, c’est vraiment d’animer ce collectif de passionnés et de collectionneurs d’art qui sont dans l’innovation, mais qui aussi apprécient des expériences insolites. Donc, on va réunir tous les collectionneurs de cette collection de collection le 25 novembre, lors d’une partie autour de la piscine intérieure qui sera assez extraordinaire. Et seuls les collectionneurs d’art lors de ce projet pourront participer et une trentaine de ces collectionneurs seront tirés au sort pour venir dîner au fond de la piscine une fois par an, le bassin en intérieur et vidangé. Et à cette occasion, en fait, le Molitor a décidé d’organiser un dîner extraordinaire créé par leur chef, très exclusif pour 30 de ces collectionneurs.

Delphine Souquet [00:04:41] On a un recul de quelques années déjà sur les lancements de collections NFTs. Est ce que tu peux nous parler de ta vision de l’industrie? Comment ça a évolué? Et aujourd’hui, quel est l’état d’esprit des entreprises qui se lancent avec des collections de NFTs?

Sandrine Decorde [00:05:00] Quand un groupe comme Accor avec le Molitor, lance de tels projets d’innovation, qui sont des tests, en fait, dans un bac à sable, la question centrale c’est comment tisser un lien direct avec une communauté?

Même si on dit que la hype des NFTs est passée, tant mieux….

Sandrine Decorde, Fondatrice et CEO de Artcare

Delphine Souquet [00:05:13] Oui, quand on parle de NFT, c’est un peu un mot valise maintenant qui désigne plusieurs choses. Comme on peut parler de trading de NFT, de spéculation. On peut parler de technologie NFT, Blockchain. De quoi parle t on exactement dans ce projet? Fais nous un peu de pédagogie sur ce qu’on doit distinguer pour avoir les idées claires quand on parle de NFT.

Sandrine Decorde [00:05:35] Alors le NFT, c’est une technologie qui a été créée, inventée, et diffusée, distribuée avec des formats de type open source en 2017. En 2021 on a beaucoup parlé. Pourquoi? Parce qu’il y a certains NFTs, qui étaient en fait des œuvres d’art digitales adossées à un contrat, qui ont été  valorisées pour plusieurs millions lors de ventes aux enchères. L’art digital, l’art numérique, l’art vidéo a toujours existé depuis plusieurs décennies et une des problématiques au développement de ce marché, ça a été vraiment que l’achat revente de ces formats numériques était compliqué. Et depuis 20 ans que notre monde se digitalise fortement, on voit que les business models qui ont émergé sont les business models d’abonnements sur les contenus artistiques tels que la musique, les plateformes de streaming. Parce qu’il n’y avait pas de protocole et de technologie qui permettaient d’acheter et de créer de la rareté, peut être artificiellement, mais de certifier cette rareté artificielle.

Et donc on voit quand même des nouveaux développements technologiques, de nouvelles innovations, notamment dans le domaine de la musique, dans le domaine du cinéma, dans les domaines artistiques et des industries créatives – qui ont été depuis 20 ans complètement disruptés par le streaming des modèles d’abonnement qui ont changé leur business model – qui se réapproprient grâce à cette technologie une nouvelle façon de faire et de vendre et de distribuer leur contenu.

On est vraiment là sur des cas d’usage de ces technologies qui sont relativement récentes mais qui répondent à des problématiques

Sandrine Decorde, Fondatrice et CEO de Artcare

Même si on dit que la hype des NFTs est passée, tant mieux…. Moi je dis tant mieux…Parce qu’en fait, c’est là où on s’intéresse à la technologie, parce qu’elle répond à une problématique où les choses vont pouvoir se développer de manière plus pérenne. Il y a aussi un autre atout de cette technologie, qui est le lien entre un objet digital et une personne. Donc, en fonction de la technologie utilisée, un NFT peut être attaché indéfiniment à une personne. On pourra très bien s’imaginer dans quelques années, avoir des passeports ou des cartes d’identité sous le format NFT complètement dématérialisé et que je ne pourrai pas transférer individuellement à une autre personne mais qui me fera forcément rattaché et où je pourrais archiver les grands événements de ma vie, mon baccalauréat, mon diplôme d’études, mes voyages dans le monde entier, et cetera Et donc on est vraiment là sur des cas d’usage de ces technologies qui sont relativement récentes mais qui répondent à des problématiques. Et c’est là qu’on va voir si elles se déploient vraiment. Et moi je crois qu’elles vont se déployer.

L’usager peut avoir jouissance de son œuvre déjà parce qu’il est propriétaire du fichier digital. Il peut donc, à titre privé, l’imprimer sur des grands formats. C’est un fichier qui est un fichier 4K et pour la vidéo c’est des fichiers 2K, donc de la très haute définition, et dont il est propriétaire. Et le contrat NFT certifie qu’il y a un seul exemplaire unique de cette œuvre et que c’est un engagement de l’artiste et du producteur, qui est le Monitor, qu’il n’y aura pas d’autres tirages. Donc on est un peu sur des modèles comme la photo où l’artiste s’engage à avoir un tirage à un, deux ou trois exemplaires. Là, chaque NFT est unique, puis est considéré comme un tirage unique inscrit sur la blockchain.

Delphine Souquet [00:08:34] Une œuvre qu’on peut avoir sous la main. Ça aussi, c’est un usage qui existe déjà?

Sandrine Decorde [00:08:39] Alors oui, tout à fait. C’est une œuvre d’art digitale, en NFT, qu’on pourra avoir dans son wallet, soit un wallet de type privé que sont les wallet de crypto monnaie pour héberger des NFTs, type MetaMask pour le plus connu d’entre eux, ou un wallet brandé Accor. Donc on a développé en fait un wallet propriétaire pour Accor.

Delphine Souquet [00:09:01] Génial. Quelle est l’étape qui t’a le plus marquée sur ce projet Legacy Collection de NFT d’Art au Molitor? Un retour d’expérience? Ce que tu retiendras?

Sandrine Decorde [00:09:06] Moi, je pense que le travail collégial entre L’innovation Lab du groupe Accor, le Molitor, l’équipe du Molitor et les artistes, c’est vraiment quelque chose qui m’a marqué tout au long du projet. Donc de la première rencontre où on a abordé ce sujet jusqu’à la phase de lancement du projet, il y a eu vraiment douze mois exactement. Donc c’est un projet qui s’est réalisé assez rapidement. Quand on regarde la taille du groupe Accor et qui a été très agile, mené de manière très agile. Et je pense que c’est ce que je retiendrai vraiment de ce projet. En plus de la qualité des collections des artistes Marko93, Does et Nasty.

Delphine Souquet [00:09:46] Tu as fait toute ta carrière dans le digital si tu veux juste nous en dire deux mots. Comment tu vois le futur justement du digital puisque tu ouvres une nouvelle page avec les industries créatives?

Sandrine Decorde [00:09:58] Alors moi j’ai beaucoup travaillé à la transformation digitale d’industries comme le luxe. Le retail du luxe et aussi j’ai construit un groupe média, en fait où la transformation digitale était au cœur des problématiques et je vois dans les nouvelles technologies Web3, que ce soient les NFTs, la blockchain mais aussi l’intelligence artificielle, un nouveau ressort, une nouvelle vague de transformation qui peut être assez brutale mais qui prise suffisamment tôt, notamment par le biais de projets d’innovation et de POC, de proof of concepts qui peuvent vraiment permettre de résoudre des problématiques actuelles tant d’un point de vue marketing d’acquisition, de data, de gestion de la data, que d’un point de vue optimisation, performance, productivité, notamment grâce aux intelligences artificielles dans les métiers créatifs de l’image, de la vidéo ou du texte. Merci beaucoup Sandrine, Merci Delphine.

Partie 2 : Experimenter avec les NFTs d’art pour secouer le monde de l’hospitalité

Le Molitor a vu le jour en 1929 sous l’égide de Monsieur Pollet

Grégory Millon : Directeur du Mgallery Molitor à Paris

Delphine Souquet [00:10:55] Passons à présent à la deuxième partie de ce reportage podcast. Le témoignage de Grégory Millon, le directeur de l’hôtel Molitor, qui va nous raconter l’histoire de l’hôtel et revenir sur la genèse du projet. Comment prolonger la vie d’une œuvre d’art éphémère avec la blockchain?

A la base c’était des piscines municipales constituées de deux bassins …

Grégory Millon [00:11:13] Je suis Grégory Millon. Je suis directeur du Mgallery Molitor à Paris. Le Molitor a vu le jour en 1929 sous l’égide de Monsieur Pollet, Lucien Pollet, qui a supervisé l’architecture du site dans un style Art déco et à la base c’était des piscines municipales constituées de deux bassins : un bassin extérieur de 50 mètres et un bassin intérieur d’une trentaine de mètres, couvert. On a eu toute une histoire qui s’est lancée pendant 60 années avec Johnny Weissmuller en lancement, le lancement du bikini en 1946. Des écrivains comme Boris Vian qui sont venus s’inspirer et fermeture en 1989.

Cathédrales du monde du Street Art au Molitor…

A la date de cette fermeture, a commencé la deuxième vie de Molitor, qui est cette vie et ce point commun au projet actuel où c’est devenu un site abandonné, certains parlent de terrains vagues, de cathédrales du monde du Street Art,  où beaucoup d’artistes de rue, émergents à l’époque sont venus prendre possession des lieux pour apposer leurs œuvres et faire partager ce qu’ils voulaient raconter comme histoire. On a eu la fameuse rave party de 2001 avec 5000 personnes qui sont venues investir les lieux et de l’événementiel, des sociétés qui venaient faire des lancements de produits, que ce soit du sport, des défilés de mode avec des DJ de renom et à la fin de cette deuxième vie, vers les années 2008-2009, il y a eu un appel d’offres de la mairie de Paris pour relancer le site et l’appel d’offres a été remporté avec le groupe Accor, la marque MGallery, un propriétaire et Bouygues pour la construction pour ressortir le projet Molitor sous la forme que l’on connaît aujourd’hui.

Le Molitor est un établissement sous la marque Mgallery, cinq étoiles, 124 chambres. On a toujours les deux bassins qui sont toujours opérationnels, chauffés à l’année. On a un restaurant, une brasserie en rez de chaussée, un toit terrasse, un spa By Clarins avec des installations fitness et ce qui nous intéresse aujourd’hui, une galerie d’art qui sur tout le bâtiment, que ce soit dans le lobby de l’entrée de l’hôtel, dans les escaliers, l’accès au toit en terrasse, à la salle de sport, et les fameuses cabines artistiques que l’on a créées en 2018 autour du bassin intérieur.

Plus de 70 artistes qui ont pris possession de ces cabines qui étaient les cabines où on se changeait à l’époque

Donc, nous avons un peu plus de 70 artistes qui ont pris possession de ces cabines qui étaient les cabines où on se changeait à l’époque, et ils ont donné un aperçu de leur art, de leur identité artistique et nous en avons édité un livre, Vibrations artistiques, en 2019. Et ces œuvres contractuellement avec les artistes sont faites de manière éphémère. Donc, quand j’ai pris la direction du MGallery Molitor en 2019, j’étais enthousiaste de découvrir la partie artistique qui est quelque chose de très singulier et je trouvais dommage de me dire que ça allait disparaître. Donc voilà, il y avait cette réflexion qui me trottait derrière la tête. Et comme je viens de le dire au gré d’une rencontre, il y a à peu près 1 an, est venue cette opportunité de se dire il y a peut être une technologie sous une forme de NFT qui pourrait nous permettre, selon un procédé, de pouvoir faire perdurer ses œuvres.

il y a peut être une technologie sous une forme de NFT qui pourrait nous permettre, selon un procédé, de pouvoir faire perdurer ses œuvres …

Grégory Millon

Delphine Souquet [00:14:32] D’ailleurs, le projet, en fait, il a été très pragmatique. C’est parce que vous aviez ces cabines, ces œuvres éphémères, qu’il était dommage de ne pas garder de trace de ces œuvres là, que vous avez pensé, que vous avez cherché des moyens de les faire perdurer. Et finalement, les NFTs, la technologie arrive à point nommé. Pouvez-vous me parler du projet de la Legacy collection du Molitor avec des NFT d’art ?

l’hôtellerie d’aujourd’hui n’est pas aussi “stagnante” qu’elle pouvait l’être dans le passé …

Grégory Millon [00:14:53] En effet, moi, c’était vraiment le point d’ancrage de la réflexion. C’est de se dire depuis trois ans, quel dommage, ça va disparaître… J’avais même demandé à mon département technique est-ce qu’on ne pouvait pas mettre un espèce de coffrage à l’intérieur même de chaque cabine pour pouvoir ensuite les démonter et que l’artiste le reprenne ou s’il va dans des expositions, puisse dire voilà, ça, c’est une pièce cabine faite à Molitor à telle période et ainsi de suite. C’était ça la réflexion et est venu au gré de cette rencontre, la discussion du NFT. Effectivement, et c’est vrai que quand on voit le détail du travail artistique auprès du NFT et si on en fait une impression ultra développée, on a l’impression que c’est une œuvre qui a été peinte devant nous et ça reste vivant. Donc la manière dont les NFTs ont été créés, c’est pour respecter aussi l’œuvre de l’artiste. Certains, c’est parce qu’ils ont besoin d’être vus de très proche, d’autres avec un certain recul. Donc il faut aussi respecter le code de l’artiste et la dimension qu’il a voulu mettre sur sur ce point là. Mais oui, c’est une belle réflexion. Donc voilà, on va pouvoir le digitaliser, le rendre dans un portefeuille, dans un wallet, comme on dit en web3. On a déjà des wallet dans des smartphones, on en aura un là aussi. C’est pour se singulariser et montrer que l’hôtellerie d’aujourd’hui n’est pas aussi “stagnante” qu’elle pouvait l’être dans le passé. Elle s’est modernisée et on essaye aujourd’hui plutôt que de vendre une chambre, c’est d’aller sur de l’expérience, sur une venue, de faire de la découverte pour nos clients.

Delphine Souquet [00:16:34] Et votre clientèle justement. Est ce que vous avez des passionnés d’art? Est ce que c’est une clientèle internationale? Comment vit-elle son expérience au Molitor?

Grégory Millon [00:16:44] Notre clientèle à la base, on reste encore très français et local, puisque c’est un produit fait pour les Parisiens à la base en France. Mais on l’internationalisme notre clientèle, les gens qui viennent et qui décident de revenir, c’est vraiment parce qu’ils sont tombés en amour avec le lieu et ça répond à leurs attentes d’avoir un lieu qui est un peu comme une bulle d’oxygène dans Paris, on se sent protégé pour avoir un havre de paix. Donc on a une clientèle qui est en amour avec le design du site, puisque le projet mélange L’art déco avec le street art sur les murs qui sont très post-industriels, on n’a pas de sous plafond. Tout est très apparent dans l’établissement pour montrer un peu les vies de Molitor, comme je les ai précédemment citées. Et ils s’y retrouvent, ça les singularise. Certains, en plus de ça, sont des amoureux de l’art, amateurs ou plus fins connaisseurs, et donc on les engage quand on fait des vernissages ou des événements artistiques. On les contacte d’après notre base de données. Et c’est aussi ce qui leur permet de venir régulièrement parce qu’ils ont leur séjour professionnel ou à titre de loisir. Mais en même temps, on les invite, on les incorpore dans la vie de l’établissement.

Ce qui est sûr, c’est qu’on se doit d’innover

Delphine Souquet [00:18:05] Très bien. Et je me posais la question d’un point de vue justement de l’industrie, l’industrie de l’hôtellerie, les nouvelles technologies, le web3, la blockchain, les NFT, etc. Vous avez un peu appréhendé ce projet avec ses multiples parties, cette innovation, ce n’est pas un projet facile. Est ce que c’est indispensable aujourd’hui justement pour se développer comme un des leaders de l’industrie hôtelière à l’échelle internationale que se lancer dans ce type de collaboration?

Grégory Millon [00:18:35] Est ce que c’est indispensable? Ce qui est sûr, c’est qu’on se doit d’innover. Nos clients changent, le désir de nos clients change. Le monde dans lequel nous vivons est en constante mutation. On est entouré de technologies, que ce soit la domotique qui vient même dans nos maisons, dans nos véhicules autonomes et ainsi de suite. Donc, on se doit de faire évoluer cette industrie qui a été pendant beaucoup d’années très confortable. Donc il est vrai qu’il y a dix ans, avec la venue de Monsieur Bazin à la tête du groupe Accor, il a mis un nouveau souffle. Ce dynamisme de dire que dans les valeurs du groupe Accor, il y a innovation, d’être entrepreneur et de tenter, d’oser et de créer ces mémoires, ces mémorables moments dans nos propriétés, ces instants qui restent uniques. Donc pour moi, c’était tout naturel d’y participer.

Peut être que dans deux ans, on verra que c’est l’explosion et qu’on a été un des précurseurs comme Molitor l’a été, puisque le Bikini c’était en 1946

Ça peut faire peur parce qu’on va dans l’inconnu et tout ce qui est inconnu fait peur. Mais c’est aussi ce qui va nous faire avancer et ce qui va nous faire aller sur ce surpassement de soi. Donc ce n’est pas facile parce que je suis un hôtelier à la base. Mais je vais dans un segment qui n’est pas une zone de confort, une zone de découverte. J’apprends beaucoup de choses. Donc il faut arriver à trouver le bon agrément. Le bon lien entre les deux parties. Est-ce que mes clients, en allant sur ce projet, vont comprendre? Est ce que ça va être le bon timing? Peut être pas. Peut être qu’on est en avance. Certains disent qu’on est déjà en retard parce que le hype est soi disant passé. Peut être, mais le temps peut être notre pire ennemi comme notre meilleur allié. Si on le respecte. Peut être que dans deux ans, on verra que c’est l’explosion et qu’on a été un des précurseurs comme Molitor l’a été, puisque le Bikini c’était en 1946 c’était un précurseur à ce moment là. Donc je ne veux pas paraître arrogant en disant “je veux être”, mais c’est de contribuer à mettre un point d’histoire pour Molitor, pour le MGallery Molitor.

Et on a pris beaucoup de plaisir à le faire. On a une belle relation avec les artistes, ce qui est très important. Il y a une relation de confiance. Donc si on est capable de faire ça, c’est parce que j’ai aussi les artistes avec lesquels on travaille main dans la main, tous les artistes et on essaie de les garder en connexion selon les événements qui viennent pour leur donner en retour ce qu’ils ont donné à Molitor dans cette deuxième vie. Ça m’intéresse parce que souvent on se dit voilà, il faut automatiser une expérience client dans un hôtel, dans un restaurant. Mais on a des clients qui veulent revenir au contact humain. Est ce que c’est le bon moment? Comment développer le service d’une autre manière? C’est aussi à nous d’apporter ces solutions, ou du moins d’y travailler pour, encore une fois, ce sens de l’innovation qui fait que ça rend notre quotidien beaucoup plus excitant.

Delphine Souquet [00:21:32] Quand on regarde justement ces nouvelles technologies du Web3. On voit une accélération. Donc c’est allé très très vite. Et nous mêmes aujourd’hui, on a beaucoup à apprendre, même les dirigeants, les responsables au sein des industries corporates… ils ont beaucoup à apprendre, à comprendre, à voir comment ils peuvent utiliser ces nouveaux moyens. Quel va être le rapport avec les clients? Comment ça va être accueilli? Comment ça va être accompagné? Moi, personnellement, qui ai beaucoup travaillé dans l’industrie parce que je viens du milieu du consulting, j’ai beaucoup travaillé dans ce type de projets, je me rends compte qu’on passe à une nouvelle ère où, puisque tout va beaucoup plus vite, il faut expérimenter, il faut expérimenter, apprendre… Je pense que quand je vous vois faire ce projet avec ce timing, que c’est une première, mais qu’il va y en avoir beaucoup d’autres et que c’est en itérant en fait, dans cette industrie du Web3, de la technologie. C’est en étirant les expériences que l’on voit toutes les potentialités et que l’on trouve celle qui est la plus adaptée à notre marché et à nos clients.

L’humain doit rester quand même au cœur de la relation

Grégory Millon [00:22:38] Ce qui est important, c’est qu’il faudra toujours avoir de la technologie, mais garder le lien humain. Il y a aussi ce côté humain. On ne pourra pas supplanter l’humain à 100 %, mais la crypto, qui reste une définition très sombre pour beaucoup d’experts ou des amateurs d’art comme moi… Mais on voit déjà aujourd’hui que nos clients payent avec des moyens très modernes puisque certains payent leur séjour en miles. Donc des miles, ce n’est pas sur le compte bancaire, OK c’est un équivalent de … Mais ça arrive déjà, et ça se fait de plus en plus. Donc c’est un moyen, à nous de nous ajuster. L’humain doit rester quand même au cœur de la relation. Et comme je l’ai dit tout à l’heure, si on n’avait pas eu ce lien humain avec les artistes, les artistes ne feraient pas confiance en retour et on ne serait pas là aujourd’hui sur ce projet. Donc effectivement, les grands dirigeants corporates sont à des stratosphères, ils sont à leur niveau et moi je suis au mien. Mais voilà, l’idée c’est d’essayer d’adopter le bon discours avec les clients et avec les équipes aussi. Il faut que les équipes comprennent les NFTs dans un langage simplifié parce que ce n’est pas évident. Ce nouveau langage, il faut arriver à bien le digérer pour pouvoir le retranscrire et garder l’adhésion de tout le groupe.

Delphine Souquet [00:24:01]  Si on parle un peu plus précisément de la collection de NFTs, on est vraiment dans l’humain parce que non seulement il va y avoir une vente de 390 œuvres, il y aura un propriétaire, un collectionneur qui pourra en bénéficier, qui achètera cette œuvre numérique. Mais c’est assorti également aussi d’une invitation dans le monde physique. Un dîner donc en physique et de la rencontre aussi des artistes. Mais justement, l’humain est au cœur aussi du projet, de l’expérience, de ce que vous proposez?

on en met sur le marché 390 NFTs pour cette Legacy collection de NFT d’Art au Molitor

Grégory Millon

Grégory Millon [00:24:30] En effet, on en met sur le marché 390 NFT. Mais face à ces NFTs, on aura des rendez vous avec ces amoureux de l’art, ou ces curieux peut être, pour créer un point de rencontre. Donc on aura la Legacy party le 25 novembre dans le bassin intérieur et en 2024 un dîner pour 30 d’entre eux au fond du bassin. Le moment sera communiqué et la possibilité de rencontrer un artiste pour trois d’entre eux. Donc voilà, c’était vraiment de se dire oui, on a une œuvre qui est digitalisée quelque part, qui n’est plus tactile. Elle est dans un fichier, mais en même temps de rester en contact avec des amoureux et de pouvoir partager cette expérience et cette symbiose avec le lieu où on a pris naissance quelque part cette relation. Donc, c’est sûr que si ces artistes, pour la plupart, n’étaient pas venus prendre possession dans les années 90-2000 du lieu, on ne serait pas là aujourd’hui avec cette magnifique histoire.

Delphine Souquet [00:25:41] Pour avoir participé à des conférences avec des investisseurs sur les nouvelles technologies. Un des freins aujourd’hui, c’était la pauvre qualité artistique des œuvres qui ont été produites jusqu’à présent et qui ont qui ont donné lieu un peu à des jokes. Là, pour le coup, on est sur des œuvres d’art qui ont une vraie qualité artistique, visuelle. Et ça aussi, je pense que cela distingue votre collection de ce qu’il y a pu y avoir dans le passé en fait comme Drop.

Grégory Millon [00:26:15] Tout à fait. Déjà les artistes qui sont venus, sont des artistes qui continuent de vivre de leur art. Donc, on n’est pas au mouvement où j’ai 18 ans, je vais taguer un hangar parce que j’ai envie de m’amuser, et puis ça a été une période de cinq ans de ma vie… Là, on est face à des artistes qui ont connu ce mouvement et qui ont continué et qui en vivent et qui voyagent à travers le monde parce qu’ils sont demandés pour recouvrir les murs de leurs oeuvres. Donc la sélection a été faite et pour vraiment donner cette vibration artistique, j’ai envie dire, à la vue de ce que l’on va voir sur ces NFTs.

Delphine Souquet [00:26:50] Très bien. Merci beaucoup Gregory et j’espère qu’on aura l’occasion de se parler au fur et à mesure que cette expérience aura été vécue, pour avoir aussi le retour, la rencontre avec les collectionneurs. Ça va être très intéressant pour tout le monde d’apprendre de ce projet.

Grégory Millon [00:27:07] Tout à fait. Là, on est vraiment dans la phase de lancement de réserve waitlist, lancement de la vente sur la réserve privée. Mais bien évidemment, une fois que tout sera vendu, ça sera d’avoir des rencontres. Même moi, ça m’intéresse de rencontrer des acheteurs, des collectionneurs pour pouvoir comprendre encore plus la réflexion et la démarche qu’il y a derrière. Est ce que c’est une démarche purement et simplement de collectionneur? Certains, ça va être plus de l’investissement. Il faut être très transparent. Comment est ce que eux, ils accueillent cette évolution là?

Delphine Souquet [00:27:45] C’est vrai, c’est très intéressant. C’est passionnant et merci de nous avoir donné l’occasion de se rencontrer et d’écrire, d’écrire une page.

Grégory Millon [00:27:53] On espère. On espère que cette page va bien s’écrire et va rester. En tous les cas, nous, on est très fiers de ce que l’on fait parce qu’il y a de bonnes valeurs et c’est ça qui est important. Et on est très cohérent entre les différentes parties qui se sont rencontrées pour faire aboutir ce projet.

Delphine Souquet [00:28:16] Merci Grégory.

Grégory Millon [00:28:17] Merci à vous. Merci beaucoup.

Partie 3 : Pourquoi croire aux NFTs dans l’art avec Marko93

Bienvenue avec nous pour sauter dans le grand bain des NFTs

Marko93

Delphine Souquet [00:28:19] Troisième partie de ce reportage podcast. J’ai eu la chance de pouvoir rencontrer Marko 93, l’un des trois artistes sélectionnés pour ce projet, qui va me raconter comment il a décidé de plonger dans le grand bain des NFTs dart avec The Legacy Collection.

il y a presque 100 cabines qui ont été peintes par plein d’artistes, avec des techniques, des univers différents. Et au deuxième, il y a la mienne…

Marko93, Street Artist

Marko, ravi de te rencontrer et en plus là on est devant la piscine donc tu vas pouvoir nous expliquer ton lien. Comment est ce que tu as commencé à créer à l’hôtel Molitor et comment tu as arrivé sur ce projet de NFT?

Marko93 [00:28:52] Bonjour, donc moi c’est Marko 93, artiste peintre graffeur depuis les années 80. Bienvenue à toutes et tous à l’hôtel Molitor. Là, on est vraiment en immersion. C’est le cas de le dire devant la piscine et tout autour de nous, il y a presque 100 cabines qui ont été peintes par plein d’artistes, avec des techniques, des univers différents. Et au deuxième, il y a la mienne. Voilà donc c’est quelque chose que j’avais réalisé en 2018, en abstrait, avec beaucoup de coulures. Ça évoque beaucoup l’eau. Et puis il y a un petit jaguar qui est transparent. Et quand vous prenez une photo avec votre flash, il apparaît. J’aime bien aussi ce côté de révéler l’invisible.

le jaguar, il y en a un dans ma cabine aussi

Delphine Souquet [00:29:36] Quand est ce que tu as commencé? Quelle est ta signature?

Marko93 [00:29:40] Alors j’ai commencé dans le mouvement Hip-Hop. J’ai grandi à Saint-Denis, j’habite toujours à Saint-Denis et à savoir que dans les années 80, il y avait du graffiti partout, mais pas seulement. Il y avait aussi des rappeurs comme NTM, etc et donc tous les gamins de ma génération. On s’essayait à tout, j’essayais de danser. Bon, si vous me voyez en réel, vous verrez que j’ai arrêté ma carrière de danseur il y a bien longtemps. J’ai essayé de rapper, j’ai essayé de mixer et puis le dessin est venu naturellement à moi et je me suis vraiment concentré dans l’écriture et le graffiti. Donc très influencé par New York, l’école new yorkaise. Et au fur et à mesure des années, j’ai digéré ce style américain et j’en ai recraché quelque chose sur les murs qui est vraiment mon style à moi, dans un mélange de calligraphie abstraite. Donc, cette calligraphie abstraite, je peux en faire des œuvres 100 % abstraite ou quelquefois je peux l’injecter dans du figuratif et j’ai fait pas mal de Jaguar. L’animal, le jaguar, il y en a un dans ma cabine aussi. L’art m’a emmené dans la jungle brésilienne pour aller voir le jaguar en liberté. Donc voilà, Et petit gamin de banlieue, l’art m’a percuté. Pour moi, l’art, c’est une énergie qu’on reçoit ou qu’on transmet. Et donc, j’ai été foudroyé par cette comète qui s’appelle l’art et qui m’a donné de la force qui m’a permis de rencontrer des gens qui m’ont donné de la force, qui m’ont permis de rencontrer des gens du monde entier, de différents milieux. Et puis, pour faire un petit résumé, vous pouvez me retrouver en train de peindre dans une favela à Rio et trois semaines après, dans une villa luxueuse de Hollywood avec le même pantalon et les mêmes taches sur moi. Et voilà, c’est une ouverture sur le monde, l’art.

60 ans d’art urbain à Paris

Marko93, Street artist

Delphine Souquet [00:31:36] C’est vrai que c’est assez exceptionnel cette communauté, cette initiation qu’il y a dans l’art graffiti, qui est une communauté internationale et qui est beaucoup dans l’expérimentation aussi. C’est une forme d’art, une expression, un courant vraiment bien particulier et maintenant on a pas mal d’années de recul?

Marko93 [00:31:54] Oui, vous savez, il y a eu, il y a eu une exposition à l’hôtel de ville dont j’étais le co-commissaire. Donc 60 ans d’art urbain à Paris. Et donc on commence avec des gens comme Villeglé qui nous a quittés malheureusement il y a peu de temps. Des gens aussi comme Zloty (Gérard Zlotykamien), qui ont commencé dans les années 50-60. Ensuite, les techniques se sont développées. Le graffiti est arrivé de plein fouet et a rempli Paris dans les années 80. Tout le travail des pochoiristes, des colleurs d’affiches, et cetera existait aussi avant. Depuis un peu plus de quinze ans, il y a l’arrivée du terme street art qui a donné un nouveau souffle aussi en termes de technicité, en termes de mélange de génération et en termes de mélange de genres aussi, féminin, à savoir que dans le graffiti, il y avait très très, très peu de graffeuse. Elles étaient deux ou trois dans les années 80 et aujourd’hui, avec le street art, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de femmes qui s’expriment avec différentes techniques et qui font des choses monumentales.

Delphine Souquet [00:32:55] Est ce que tu pourrais nous donner des noms? Parce que justement, je n’avais pas en tête de figure féminine du street art.

Marko93 [00:33:01] Une très, très, très, très grande artiste qu’on a perdu aussi. Il y a très, très peu de temps. C’est Miss.Tic (Radhia Novat) qui faisait des pochoirs, donc dans les années 80, et qui a continué jusqu’à il y a très peu de temps, qui fait partie du patrimoine. Sa disparition a touché énormément de Parisiens et c’est là que tu te rends compte de l’intimité qu’il y a entre les gens et les œuvres d’art. J’ai vu beaucoup de témoignages, notamment sur les réseaux où des gens y allez un peu de leur, de leur rencontre avec, avec cet art et cet artiste. Ça leur rappelait souvent une période de leur vie, un endroit, un appartement où ils ont vécu les années 80, et cetera Ça faisait partie de leur intimité et c’est là que tu te rends compte aussi de la puissance de la chose. Donc très, très grande artiste. Il y a une artiste que j’aime beaucoup, moi qui s’appelle Nadège Dauvergne, qui fait beaucoup de croisillons et qui, quand on se recule, on voit une œuvre, une œuvre réaliste. Il y a Vinie (Virginie Masson, Vinie Graffiti), il y en a plein, des artistes, des nanas qui sont talentueuses et qui envoient du lourd et qui font du monumental.

je suis hyper enthousiaste et j’y crois à 1 000 %

Marko93

Delphine Souquet [00:34:03] Comment est ce que par rapport à ce projet, comment tu l’as abordé, de passer sur un support technologique avec ce projet de NFT Legacy collection au Molitor ?

Marko93 [00:34:10] Alors pour moi, aujourd’hui, là, nous sommes le 7 septembre. C’est le saut dans le grand bain pour moi, à savoir qu’il y a deux ans, j’avais mis les pieds dans le pédiluve. Il y a deux ans en fait, je m’étais vraiment renseigné sur les NFTs et j’y trouvais un intérêt avec une démarche artistique, et je voulais réaliser une œuvre en un NFT déjà il y a deux ans pour une expo que j’avais fait en solo show. Et puis la réalisation de mes toiles m’a tellement absorbée que j’ai fait que des toiles en fait et que je n’ai pas pu concrétiser cette envie de faire un NFT. Et donc avec ce projet Molitor, en fait, c’est comme on disait tout à l’heure, c’est c’est des planètes qui s’alignent. Je crois beaucoup aux énergies et aux planètes qui s’alignent. Et là, il y a une équipe hyper compétente, donc aussi avec Artcare et Molitor qui font tout ce travail aussi. C’est un honneur et un grand plaisir d’être dans le même bateau avec eux et je suis hyper enthousiaste et j’y crois à 1 000 %.

Quand je regarde une œuvre, j’essaie tout de suite de remettre l’œuvre dans son contexte

Delphine Souquet [00:35:03] Mais toi tu fais partie de ceux qui y croient. Et pourquoi est ce que tu y crois?

Marko93 [00:35:06] Quand je regarde une œuvre et j’essaie tout de suite de remettre l’œuvre dans son contexte. Exemple je tombe sur une toile de Rothko. Mais il faut replacer l’oeuvre dans son contexte. C’est à dire que le mec, quand il a fait ça dans les années 30-40, mais quelle énergie, quelle volonté! Parce qu’il a dû combattre contre vents et marées. Il y a peut être une intuition et on y croit. Et moi, j’y crois. Et puis, je crois beaucoup en la technologie, quelque chose de simple. Aujourd’hui, j’ai Instagram à l’instant T et je peux faire part d’un sentiment que j’ai d’une envie, d’une inspiration, d’un échec, d’une image qui m’interpelle, qui m’inspire. Je peux partager avec le monde entier à l’instant T, en une fraction de seconde. Je peux voir là, au moment où je vous parle et j’ai un ami qui peint une façade à Sao Paulo. Je vois ce qu’il veut exprimer, je vois sa technique, je vois ce qui l’anime. C’est génial. Donc la technologie, elle sert en ayant les pieds ancrés dans la réalité, la technologie, tout dépend ce qu’on en fait, tout simplement. Comme dans la vie réelle, tout dépend ce qu’on en fait.

j’aime les gens qui osent sortir des sentiers battus

Marko93

Delphine Souquet [00:36:02] C’est vrai, je pense qu’on est tous en train d’apprendre à se comporter avec tout ce que la technologie va nous permettre de faire. Moi, personnellement, j’ai le sentiment que, en réalité, il n’y a pas de frontière.

Marko93 [00:36:13] Carrément. Et puis, pour en revenir à ce projet, l’équipe de Molitor et Arcare, il y a une prise de risque aussi parce qu’ils pourraient rester dans leur confort. C’est comme peindre ces cabines là. On est dans un lieu somptueux. J’ai une piscine magnifique. Moi, je l’avais visitée quand c’était un terrain vague. C’était une cathédrale urbaine déjà, même à l’époque, remplie de graffitis avec des choses cassées. C’était c’était majestueux. Là, ils l’ont refait avec un travail artisanal exceptionnel et ils ont osé ramener du graffiti dans les cabines. Moi, j’aime les gens qui osent sortir des sentiers battus. C’est des prises de risques, mais la vie et la vie avancent comme ça.

J’attends toujours mon 1 pour 100

Marko93

Delphine Souquet [00:36:52] Tu as dû en affronter des incrédulités, des barrières, tu es presque un peu rodé depuis les années graffiti? Presque ça ne doit pas te faire peur, le mode d’expression d’un NFT?

Marko93 [00:37:05] Non, non, non, je n’ai pas peur. Je n’ai aucune appréhension par rapport aux NFTs. Après, il y aura forcément un petit pourcentage de gens qui n’y croient pas. Mais vous savez, c’est comme quand je fais un mur dans la ville. J’attends toujours mon 1 pour 100. Il y aura toujours un mec qui va venir et qui n’aime pas. Mais ce mec là, si je le vois pas, eh bien il va me manquer. Il faut c’est la vie, la vie, elle est comme ça et il faut ce petit pourcentage.

Delphine Souquet [00:37:32] Et aujourd’hui, je suis super contente de rencontrer justement un créatif pour me parler de l’art NFT parce que j’ai assisté à une conférence avec des corporates, des investisseurs qui disaient qu’il faut améliorer la qualité visuelle des œuvres d’art et qu’aujourd’hui ça, c’est un frein un peu au développement des NFTs. Donc justement, toi, tu es bien placé pour t’en rendre compte où est ce qu’on en est? Et justement, qu’est ce que tu as fait toi pour ce projet par rapport à ça?

je fais toujours trois photos d’une fresque …

Marko93

Marko93 [00:38:01] Alors en fait, il y a une bulle qui a explosé, mais c’était inévitable. Il y avait un peu de tout, c’était un peu le bazar. Après, chacun devait piocher un peu ce qui lui semblait avoir du sens ou pas. Mais c’est vrai que c’est parti dans des choses un peu olé olé, on va dire. Et donc le projet qu’on fait avec Molitor et moi, je m’y retrouve. Parce que vous savez, quand je faisais des fresques dans les années 80, depuis les années 80, je fais toujours trois photos d’une fresque, c’est à dire que je fais en photo ma fresque, Vraiment la dimension de ma fresque. Ensuite, je me recule pour prendre en photo ma fresque et l’environnement. Et ensuite je me rapproche du mur à 50 cm du mur. Et là, je mitraille, je fais que des close up, que des gros plans. Et ça depuis les années 80. Et là, en fait, c’est ce qui se passe avec cette série de NFT. C’est pas moi qui ai pris les photos, mais je les ai validées et c’est vraiment rentré dans mon intimité. Et je redécouvre des parts de moi, des choses qui se sont passées, des accidents, des coulures. Voilà qui s’arrêtent à un moment, qui dévient, des coups de pinceau, de la craquelures qui a séché.

Tout ça, c’est des instants de ma vie, voilà, que je redécouvre. Et ça fait plaisir de pouvoir partager cette intimité aussi avec des gens. Mon sens il est là, et j’aime voir le regard, le regard des gens, un autre regard. Mais en fait, c’est pour ça qu’on aime les artistes aussi. C’est parce que les artistes voient le monde différemment … des autres gens. Et voilà, c’est un autre prisme. Et moi, ce que j’aime, ce sont des gens qui vont parler de ma peinture et des choses qui sont sous mes yeux, qui sont évidentes. Et ça fait 30 ans que je l’avais pas vu et la personne va me sortir une phrase qui va me transcender. Donc je suis toujours ouvert et attentif à ça. Donc j’espère que le jour du vernissage, je vais pouvoir rencontrer des gens qui me, qui me raconteront ma vie!😅

Delphine Souquet [00:39:56] Super. Et je voulais pour terminer parler un peu de cette de cette communauté internationale. Quelle ton activité à l’international, tes connexions internationales et comment tu penses que ça va se passer justement avec les NFTs.

Marko93 [00:40:10] Alors moi je travaille dans le monde entier. J’ai fait, je ne sais pas. J’ai dû peindre dans plus de 40 pays et villes, donc New York, Tokyo, le Cambodge, l’Afrique, Amérique latine, etc, et cetera Voilà, j’ai quadrillé un peu la planète. Et ce qui m’a permis aussi d’avoir une forte communauté internationale avec qui je suis toujours en contact. Beaucoup d’artistes. J’ai rencontré énormément d’artistes de styles différents, d’origines différentes, et on a tous le même langage. En fait, c’est ça qui est bien aussi dans l’art et on est toujours connecté donc. Donc ça, c’est cool. Et j’espère que notre projet va rayonner, du fait de cette technologie, ça va rayonner mondialement. Donc j’espère avoir des retours du monde entier. Je suis friand de ça.

Delphine Souquet [00:40:58] Je pense que c’est ce qui va se passer, hein, Parce que j’étais à NFT Paris avec le podcast et j’ai rencontré justement des artistes qui s’essayaient aux NFTs et qui me disaient que ça faisait déjà des années qu’ils collaboraient ensemble, que cet événement leur avait permis de se rencontrer dans le monde physique. Mais que justement, il y a un peu une communauté aussi qui se comprend, qui se soutient… Et aussi parce que les galeries ne les suivent pas forcément. Donc il y a beaucoup d’entraide. J’ai l’impression que ce qu’il y a dans le monde du street art se retrouve aussi dans l’art NFT. Et cette notion de communauté c’est quelque chose qui existe déjà dans l’art et qui risque de vraiment bien prendre.

je vois un peu notre relation dans le monde à chacun avec des cercles

Marko93

Marko93 [00:41:39] Carrément. Moi, vous savez, je vois un peu notre relation dans le monde à chacun avec des cercles. On a son cercle proche, sa famille, son cercle d’amis, amis de quartier, amis de ville, amis de jeunesse et d’autres cercles après, d’autres gens qu’on a rencontrés. Et j’ai toujours aimé aller d’un cercle à l’autre. Et puis il y a des cercles qui se connectent aussi. Et cette communauté NFT pour moi, c’est un nouveau cercle, ce sont de nouvelles portes que je veux ouvrir et je trouve ça magnifique. Donc je suis impatient.

Delphine Souquet [00:42:16] J’ai comme l’impression que de tout ce qu’on se dit, qu’il a pas de frontière entre entre ce virtuel et ce réel.

Marko93 [00:42:21] Non, non, il n’y a pas de frontière. Et le NFT, c’est un outil de plus pour communiquer, élargir nos cercles, nos communautés, communiquer. À savoir que l’art, c’est le premier cercle. L’art, il est international, On n’a pas besoin de parler la même langue, c’est un sentiment, c’est une énergie qu’on envoie, qu’on reçoit et voilà. Et l’éducation n’a rien à voir. Par exemple, moi, je n’ai pas été élevé dans la musique classique. Mon art m’a permis de me retrouver sur scène un jour, à performer avec un orchestre de musique classique, un orchestre symphonique qui s’appelle Divertimento, dirigé par Zahia Ziouani, et j’ai performé avec 85 musiciens sur scène sur le Boléro de Ravel et j’en suis encore ému, et pourquoi je ne peux pas vous l’expliquer. C’est le mystère de l’art, c’est la puissance de l’art, ça rapproche les peuples, ça rapproche tout le monde, voilà.

Delphine Souquet [00:43:16] Merci Marko. C’était un plaisir d’échanger, de te rencontrer aujourd’hui.

Marko93 [00:43:20] Merci à vous et bienvenue avec nous pour sauter dans le grand bain des NFTs.

Delphine Souquet [00:43:24] Où est ce qu’on peut te suivre si justement on a envie de rentrer dans ton cercle?

Marko93 [00:43:31] Vous pouvez me suivre sur Instagram par exemple, Instagram et Facebook. C’est le même MARKO93DarkVapor. Voilà. Et puis dessus je partage à n’importe quelle heure, beaucoup la nuit parce que j’aime bien travailler la nuit et très très fort en musique. Et je peux partager des petites stories, des doutes, des essais, des erreurs, des envies, des voyages, des choses qui m’émerveillent. Ma vie, voilà.

Delphine Souquet [00:44:03] Merci Marko.

Marko93 [00:44:04] Je vous remercie énormément. Je remercie aussi Molitor et Artcare et suivez nous et donnez nous de la force. Et on vous en donne aussi.

Pour en savoir plus sur La Legacy collection de l’Hôtel Molitor

Delphine Souquet [00:44:13] Merci! Hey podcast, je suis Delphine et vous écoutez 2Good podcast. Merci d’avoir écouté cet épisode sur les NFTs d’art enregistré à l’hôtel Molitor. Je vous rappelle les informations sur le projet The Legacy Collection 3 artistes 390 NFTs. Une legacy party : “C’est plus tard que l’on pourra dire j’y étais”. Comment passer du mur au digital? Au total, ce sont 390 œuvres digitales uniques de 3 artistes qui seront mises en vente privée le Vendredi 6/10 octobre 2023 à 17h (en vente publique le lendemain) et qui donneront accès à des expériences insolites à Molitor. The Legacy Party, le samedi 25 novembre 2023. Un dîner assis au fond de la piscine intérieure en 2024 et une journée avec l’artiste pour trois collectionneurs tirés au sort. Rendez-vous sur le site du Molitor en cliquant sur le lien pour plus d’informations sur la vente de NFTs. Et si vous voulez en savoir plus sur les transformations au sein des industries créatives, je vous donne rendez vous sur le podcast de 2Goodmedia pour entendre mes reportages en backstage des événements et plus grands salons des industries créatives. N’hésitez pas à vous inscrire sur la Newsletter de 2goodmedia pour ne rater aucun de nos nouveaux épisodes reportages.

Si vous avez aimé cet article sur les NFTs d’art, vous aimerez certainement mon épisode #74 de reportage podcast au salon NFT Paris avec l’artiste Gwendoline Finaz de Villaine.

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Credits : Photographies – Courtesy of MGallery Molitor. Editorials and podcast by 2goodmedia @2023 all rights reserved

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