#80 Les coulisses du We are French Touch : Bois, Artisanat d’Art et Business avec De Leeuw Guitars

Quentin De Leeuw chef d'atelier de De Leeuw Guitars

Bienvenus dans cet épisode spécial de 2Goodmedia enregistré au salon des industries créatives We are French Touch à Paris qui met les métiers d’Artisanat d’Art à l’honneur. Je rencontre Quentin De Leeuv et David Schwarz les co-fondateurs de De Leeuw Guitars pour parler passion du bois, artisanat d’art et business. Comment ces artisans contribuent-ils à préserver des traditions tout en repoussant les frontières de l’innovation? Comment scaler les marques d’artisanat d’art françaises? Cette année nous parlons du programme de BPI France : “entreprise de la main, entreprise de demain » pour soutenir les métiers d’art.

A écouter 🎧

21 Novembre 2023 | Paris – We are French Touch

De Delphine Souquet

Ce que vous allez apprendre dans ce podcast enregistré au We are French Touch

Aujourd’hui, je vous présente un fleuron de la French Touch : De Leeuw Guitars, luthier d’exception qui vient de recevoir le prix espoir du salon MIF – Made in France. Plongeons-nous dans l’univers captivant des métiers d’art mis à l’honneur cette année par We are French Touch et la BPI.

Au programme de ce reportage :

1 : Exploration du Salon : Découvrez les coulisses du salon We are French Touch, qui mêle créativité et business, où des artisans talentueux exposent leurs créations uniques et font rayonner la French Touch a l’international. Explorez l’effervescence artistique qui caractérise ce salon de professionnels. 

2 : Rencontres avec la French Touch : Au cœur de cet épisode, partageons des moments privilégiés avec des artisans d’art et entrepreneurs exceptionnels. Mon invité est le Luthier Deleeuw Guitars : Quentin Deleeuw et David Schwarz. Écoutez leurs histoires inspirantes, les défis auxquels ils font face et la passion qui les anime. Plongeons dans la diversité des métiers d’art et découvrons les personnalités qui les rendent si uniques.

3 : Les enjeux des Métiers d’Art : Enfin, explorons les opportunités de Business en France et à l’export en Asie et aux US.

Un épisode captivant sur les métiers d’artisanat d’art et le Luxe au salon We are French Touch.  2Good Media, le média de podcast Reportages qui couvre les grands événements des industries créatives et de la tech en France et à l’étranger.

Le salon We are French Touch 2023

We Are French Touch 2023 [00:00:08 – 00:00:48]
Delphine Souquet:
Bienvenus sur 2Good Media, le média de podcast Reportages qui couvre les grands événements des industries créatives et de la tech en France et à l’étranger. Aujourd’hui, nous avons rendez vous pour le salon We are French Touch, le plus grand salon français dédié aux professionnels des industries créatives.

On est dans les univers de la musique, la mode, les métiers d’art, le cinéma ou les jeux vidéo. Et cela comprend également les start up de la tech qui œuvrent dans ces industries. Car n’oublions pas que le numérique est plus que jamais un puissant levier de transformation de ces métiers.

Et pour cette troisième édition du salon We are French Touch, nous avons rendez vous à la Maison de la Mutualité à Paris. C’est un événement gratuit, ouvert aux professionnels sur inscription qui viennent ici pour y partager leurs innovations et networker. Et si vous n’avez pas pu y assister, vous serez intéressé par ce reportage qui donne la parole aux professionnels pour parler de l’actualité des industries créatives.

Cette année, ce sont les métiers d’art qui sont à l’honneur. Bpifrance a justement voulu mettre l’accent sur ce patrimoine français reconnu et qui s’exporte à l’international, que ce soit dans les milieux de la mode, de la broderie, du cuir, du mobilier ou de l’artisanat d’art. On va justement en reparler dans le podcast, du programme qui a été lancé en mai dernier par Bpifrance “Entreprise de la main, entreprise de demain”.

L’objectif, concrètement, c’est d’accompagner les fleurons de l’artisanat à l’export. Corée, Japon, Chine ou Etats-Unis, comme me l’expliqueront David et Quentin, les cofondateurs de De Leeuw Guitars. De Leeuw Guitars, c’est l’excellence dans le travail du bois pour la fabrication de guitares. Ils viennent tout juste de recevoir le prix Espoir du salon MIF, le salon made in France qui s’est justement tenu la semaine précédente. C’est un parcours impressionnant en tout juste deux ans d’existence pour cette jeune startup.

Les Fleurons de la French Touch dans les métiers d’artisanat d’art

Le Luthier De Leeuw Guitars

Quentin De Leeuw chef d'atelier de De Leeuw Guitars

Qui est Quentin De Leeuw?

Quentin De Leeuw est co-fondateur et chef d’atelier de sa marque éponyme De Leeuw Guitars. Passionné par les bois d’exception, il développe ses propres concepts de guitares avec un manche traversant qui s’apparentent à de l’artisanat d’art.

Delphine Souquet [00:03:01]David. Ravie de te rencontrer. Peux tu me donner ton nom et ton rôle chez de De Leeuw?

David Schwarz [00:03:05]Ravi Delphine, David Schwartz et je suis un des co-fondateurs de De Leeuw Guitars.

Quentin De Leeuw [00:03:10] Bien le bonjour. Moi je suis Quentin De Weeuw de chez De Leeuw Guitars. C’est moi qui réalise toutes les guitares, qui les fabrique. Je suis le chef d’atelier.

Delphine Souquet [00:03:17] Est ce que vous pouvez me raconter comment a démarré l’aventure de De Leeuw ? Qui commence?

Quentin De Leeuw [00:03:25] Effectivement, moi j’ai commencé la fabrication de guitare à 21 ans. Donc en 2016, j’ai eu l’occasion de m’exercer à la lutherie en tant que luthier, on va dire pas à domicile, mais en tout cas j’avais mon atelier de lutherie dans lequel je faisais réparation, customisation et surtout fabrication. Comme disait David, je faisais grand maximum 3 à 4 guitares par an. A l’époque, ça m’a permis de développer un petit peu mes concepts. Et quand on a commencé la guitare ensemble, c’est à dire en 2021, on est déjà arrivé avec des concepts qui étaient présents, qui étaient déjà travaillés, qu’on a continué à développer en faisant du prototypage dès le départ et ce qui permet de donner les objets aboutis techniquement qu’on a avec nous.

David Schwarz [00:04:06] Je rajouterais quelque chose, c’est que Quentin, il a toujours été amoureux du bois, depuis qu’il est gamin. Et il a toujours voulu faire des guitares aussi, qui est sa deuxième passion : la musique et les instruments. C’est à l’issue de ses années d’école où il a fait tous les diplômes possibles sur le bois de son école. Il était à Saint-Quentin, au lycée des métiers d’art à St-Quentin, et il a fait tous les diplômes sur le bois : marqueterie d’art, sculpture sur bois, ébénisterie, ébénisterie d’art … j’en oublie un? …  c’est très complet! Et c’est à l’issue de tous ses diplômes et de toute cette connaissance qu’il a décidé de faire, qu’il s’est enfin exercé à faire sa guitare.

Il faut savoir qu’en fait, dans son école, la grande chance qu’il a eue, c’est que dès le début, il a appris à travailler avec des grands bois, des bois d’exception, des bois rares. Voilà ce qui lui a donné le toucher, ce qui lui a donné l’œil pour faire les instruments qu’on voit aujourd’hui : à savoir des instruments que l’on peut caractériser d’artisanat d’art. Il faut savoir qu’une guitare avant tout, c’est un manche et la touche. C’est là vraiment le confort de jeu et la précision de l’instrument. La plupart des guitares aujourd’hui sont fait avec des manches vissés ou collés et Quentin les fait en manche traversant qui est une manière de faire qu’on aime dire préindustrielle. Avant qu’il y ait vraiment cette industrialisation massive dans les années 50 fait par Fender. Quentin utilise une méthode qui était faite avant, c’est à dire des manches traversant d’une seule pièce. Et c’est ça qui m’a plu dans son travail.

Quentin De Leeuw [00:05:40] C’est un outil parce qu’une guitare, évidemment, ça doit être un outil pour un musicien professionnel ou un amateur qui se doit d’être confortable à jouer, qui se doit d’être fiable, ergonomiquement abouti. Mais aussi nous. Je défends la vision d’une guitare comme objet d’art et donc elle doit être belle, que ce soit visuellement, au toucher également, quand on touche, les courbes doivent être sensuelles. On doit avoir une douceur au toucher. Et c’est ce qu’on a commencé à développer en 2021 qu’on s’est rencontrés. Et depuis lors donc, David s’occupe principalement de tout ce qui est gestion de l’entreprise, partenariats, tout ça. Et moi je gère tout ce qui est de la fabrication de la guitare en fait, vraiment à l’atelier, avec mon apprentie Héloïse qui est présente également au salon.

Delphine Souquet [00:06:26] On sent beaucoup de respect et d’admiration. Si c’est important, j’imagine dans le duo?

Quentin De Leeuw [00:06:35] C’est une question à laquelle je suis pas habituée à répondre, ça. Oui, c’est important. Après, je pense qu’on a, étant donné qu’on s’apporte tous les deux énormément de choses. On a ce respect qui est mutuel je pense. On travaille en tant qu’équipe. On a des tâches précises qu’on sait très bien faire tous les deux, qui sont extrêmement différentes. C’est ce qui nous rend extrêmement complémentaires.

David Schwartz Tech founder  De Leew guitars

Qui est David Schwarz?

David Schwarz est le co-fondateur de De Leeuw guitars. Après un début de carrière dans la Tech, il co-fonde De Leeuw Guitars, un des fleurons de la French Touch qui a reçu le prix Espoir du salon Made in France.

David Schwarz [00:06:55] On a une grande complémentarité. Moi, à la base je viens du milieu de la Tech. Donc j’ai été à Station F en 2017, j’ai fait pas mal de SAAS et j’ai quitté la tech peu de temps après avoir rencontré Quentin. Mais on va dire que j’ai un peu troqué les divas de la tech par des divas Rokn’roll qui sont un peu plus sympa😀

L’industrie de la Guitare

Delphine Souquet [00:07:16] Est ce que vous pourriez me brosser un petit panorama de l’industrie?[4.2s]

Quentin De Leeuw [00:07:23] A l’heure actuelle, quelqu’un qui a envie d’avoir une guitare, qu’est ce qu’il va faire? Il va aller dans un magasin, il va trouver une offre de produits manufacturés qui peuvent être plutôt sympathiques mais …. On a la possibilité, nous en tant que luthier, de proposer quelque chose qui soit un produit vraiment différent, qui aborde les choses de manière différente. On n’est pas là pour faire de la grande série, on est là pour faire du luxe et au travers de ça, on a la possibilité justement, nous, de mettre notre design, d’essayer de sortir un petit peu des chantiers battus du design de la guitare. Parce qu’effectivement on a quelques formes qui existent depuis 50 ans et on est très bien resté dedans. On essaye d’en sortir un petit peu, d’apporter notre vision et d’essayer d’aller plus loin dans effectivement cette vision de la guitare, ce dessin et cette ergonomie.

Comment scaler un business dans l’artisanat d’art à l’international?

Chaque pièce est assez unique et on prend le temps de les faire

Delphine Souquet [00:08:14] Et donc du coup, comment on “scale” une entreprise d’artisanat?

Quentin De Leeuw [00:08:19] Alors nous aujourd’hui, on fait à peu près, on peut faire jusqu’à 50 guitares par an, sachant qu’on est un et demi à l’atelier. Comme le disait Quentin, on est, on n’a pas pour but de faire des guitares en grande série. Chaque pièce est assez unique et on prend le temps de les faire.

on souhaite vraiment former une génération de luthier et d’amoureux du bois avec un réel savoir faire

Le soutien de BPI France à l’export et la CCI Paris

Nous avant tout ce qu’on souhaite, c’est créer réellement une image de marque, un socle français et afin de s’exporter et réellement montrer notre artisanat d’art. Et montrer notre nos instruments qui sont d’une grande technicité, qui sont très précis, qui sont les plus confortables et de réellement montrer ça. Une fois que l’on a ce socle là et qu’on va à l’étranger, on sera en mesure d’avoir une demande aussi qui soit asiatique due au fait qu’on est français, qu’on fait de l’artisanat d’art, qu’ils aient une certaine passion aussi pour le rock n roll, notamment au Japon et en Corée et aussi aux Etats-Unis. C’est pour ça qu’on est par exemple suivi et soutenu par Bpifrance pour notre export aujourd’hui aux Etats-Unis ainsi que la CCI nous soutient aussi, et demain pour l’Asie. C’est de là en fait qu’on va agrandir notre atelier.

C’est en ayant un réseau et une présence à l’international qu’on va être en moyen de scaler et d’acheter des machines qui vont nous permettre de retirer toutes les tâches chronophages qui sont par exemple les défonces d’instruments, les automatiser, mais en n’enlevant rien à l’artisanat d’art que l’on a et à l’assemblage du bois. Parce qu’il faut savoir que le plus important, c’est la manière dans lequel on va couper le bois, dans le sens où on va l’assembler au niveau des veines de manière à réellement avoir un instrument qui soit le plus solide, qui ait la meilleure acoustique, la meilleure transmission des notes une fois créé. Nous, on souhaite vraiment former une génération de luthier et d’amoureux du bois avec un réel savoir faire, que ce soit dans la conception ou dans les finitions.

Les métiers d’Art, fleurons de la French Touch

Delphine Souquet [00:10:14] A We are French Touch aujourd’hui, j’ai rencontré beaucoup d’entreprises des métiers d’art. Je trouve que c’est une grosse nouveauté par rapport à l’année dernière. Est ce que justement tu peux me parler de la position des métiers d’art, la différenciation et l’attractivité que cela représente?

David Schwarz [00:10:34] Alors là, c’est plutôt ma casquette d’entrepreneur et d’ancienne personne de la tech qui va parler. La French Touch c’est assez récent comme programme et c’est vraiment BPI qui a voulu mettre l’accent sur ce patrimoine français qu’on a et qui s’exporte à l’international et qui est reconnu soit dans les milieux de la mode, de la broderie, du cuir comme Hermès par exemple, qui parlait ce matin. Que ce soit dans le mobilier, que ce soit vraiment dans notre savoir faire, dans notre artisanat.

Entreprise de la main, entreprise de demain

nous accompagner dans notre export pour conquérir des marchés où on a ce capital French touch

Et il faut savoir que la BPI met un programme en place qui a été annoncé le 30 mai ou le 31 mai dernier, qui s’appelle Entreprise de la main, entreprise de demain. Et nous, on a déjà des remontées au niveau de nos partenaires comme la Cci qui nous dit : là très prochainement il y a des fonds qui vont être débloqués pour vous accompagner sur l’export et c’est vraiment ça qui est intéressant pour nous. Et c’est pour ça qu’on est ici aujourd’hui. C’est parce qu’il y a un réel enjeu pour la France de montrer ce savoir faire là et nous accompagner dans notre export pour conquérir des marchés où on a ce capital French touch qui fait qu’on va avoir un plus par rapport à d’autres pays ou d’autres entreprises.

Quand vous allez aux Etats-Unis, quand vous allez au Japon avoir des guitares made in France qui sont faits avec du bois français, avec de l’artisanat d’art français, ou quand vous le mettez à côté d’un meuble Louis XV. C’est pas si différent que ça. Ça a son importance aujourd’hui. Ou pour d’autres personnes qui sont sur place aussi, qui représentent par exemple les guitares, qui sont à côté de nous, Jaminet. C’est ce savoir faire là qui … oui, aujourd’hui on est tout petit … Mais une fois qu’on a créé cette marque, qu’on a notre socle français et qu’on a pu le consolider, on peut attraper le monde parce qu’on a ce savoir faire là. Et c’est qu’une question comme on en parlait avant de scaler. Et ça, voilà, ça prend du temps. Ça prend du temps de créer une marque, de montrer son savoir faire. Et quand on a des partenaires comme la BPI, la Cci qui nous encadrent là dessus et qui nous apportent leur soutien autre que financier mais qui est un soutien pour s’exporter, qui vont être des conseils, qui vont être l’accompagnement de formation sur l’export. Ou nous mettre tout simplement ensemble. Quand on parle de WE Are … We are French Touch, c’est WE are aussi. Et WE are, c’est ça? C’est un cercle de personnes des industries culturelles et créatives, amoureuses de l’artisanat amoureuse de la French touch, un cercle à l’anglaise où on se rencontre, on échange, mais à la française.

Delphine Souquet [00:13:07] Et d’ailleurs, pour revenir sur le pluriculturel, sur comment ce patrimoine est perçu des asiatiques, de la culture asiatique, de la culture américaine? Qu’est ce que vous avez pu apprendre sur le regard que ces autres cultures portent sur votre savoir faire? [16.8s]

Delphine Souquet [00:13:25] Non, pour nous, avant tout et je me répète, c’est qu’une guitare avant tout, c’est la touche, c’est la manière dont on va se sentir. La guitare, peut être la plus belle du monde si la personne n’est pas à l’aise ou se sent pas comme étant une extension d’elle même, Il n’y aura pas de connexion.

Delphine Souquet [00:13:46] De magie, presque…

David Schwarz [00:13:47] C’est ça, il n’y aura pas de magie. Donc à ce niveau là, c’est avant tout le toucher. C’est avant tout ce que disait d’ailleurs Keith Richards. Avant tout, c’est la touche. Une fois que l’on a cela, nous, ce qu’on voit avec les artistes avec lesquels on collabore aujourd’hui, par exemple, on a Johan Papaconstantino avec qui on a collaboré l’année dernière et qui joue avec notre guitare. Ça a été de pouvoir d’être inspiré par l’instrument.

Et c’est le retour qu’on a de beaucoup d’artistes. C’est le retour qu’on a des studios avec qui on travaille. C’est vos guitares, la manière dont vous avez travaillé, la précision, l’objet d’art, le toucher et le son, parce que c’est aussi un son. Il ne faut pas oublier qu’une guitare, avant de sonner avec des micros électroniques il faut qu’ elle sonne aussi sans être branchée. Ça, c’est quelque chose où on revient vers nous. Ça leur permet de s’exprimer et d’avoir une certaine créativité. Et je pense que l’image française vient après. C’est le plus qui fait qu’on va vraiment se démarquer sur un marché international.

Quentin De Leeuw [00:14:50] Mine de rien, quand on place une de nos guitares dans les mains d’un musicien, quelle que soit sa nationalité, il y a des émotions et c’est probablement la chose la plus importante. Je prends par exemple notre modèle phare, probablement La Nina, à chaque fois qu’on la met dans les mains d’un guitariste, c’est Wow et wow pour plein de raisons. Et à chaque fois, bon, ils ont tendance à nous faire un peu une liste de wha, ça c’est bien, ça c’est bien. Et je pense qu’au travers de ça, on arrive à toucher un panel de gens qui est vraiment extrêmement important.

Et dans l’autre sens, on s’inspire aussi énormément de ce qu’on peut voir dans d’autres pays et dans d’autres cultures. Ça peut se voir dans nos guitares, que ce soit pour l’Asie. Alors là, sur le stand, aujourd’hui, on n’en a pas, mais on s’est inspiré du kit japonais par exemple pour faire des pour créer des détails en incrustations d’aluminium sur nos instruments. On a aussi une manière de mettre en avant parfois ce qu’on pourrait appeler les défauts sur les bois qui n’en sont pas pour nous, notamment dans le noyer qui nous permet d’avoir un caractère visuel unique à chaque instrument. Même si on fabrique des petites séries, chaque instrument est vraiment unique de par ce caractère visuel. Et je pense que c’est ça probablement aussi qui parle beaucoup à une multiplicité de personnes dans le monde.

La passion pour le bois

Dans ce lycée des métiers d’art à Saint-Quentin qui est vraiment un endroit de devenir, j’ai pu faire la rencontre de différentes techniques…

Quentin De Leeuw

Delphine Souquet [00:16:02] [00:16:02]Et justement, quelle est ta relation avec le bois, comment le bois est entré dans ta vie?

Quentin De Leeuw [00:16:06] [00:16:06]Alors je suis tombé dans les copeaux quand j’étais petit 😅 la réalité, c’est que quand j’étais petit, j’aimais beaucoup bricoler, au sens propre du terme. Si j’avais un objet, j’aimais bien le démonter pour regarder ce qu’il y avait dedans. J’avais une maison où mon père avait un petit atelier pour réparer des choses. J’allais, je coupais du bois, je faisais des choses et j’aimais bien la matière, modifier la matière en tant que telle. Dès que j’ai commencé à avoir des guitares, j’ai commencé à essayer de bidouiller, faire des réglages. Je crois que j’ai embêté un ou deux potes qui avaient des guitares chez eux pour régler leurs guitares à leur place et inspecter la guitare sous toutes les coutures. Je pense que cela en a ennuyé un ou deux. Et après ça, à partir du moment où j’ai commencé à arriver à sortir du bac général pour aller en C.A.P. D’Ébénisterie, ça a été vraiment différent.

Tout démarre au lycée des métiers d’art à Saint-Quentin

Déjà, la mentalité des gens en milieu professionnel, lycée professionnel j’entends, est vraiment très différente. Et ça a été une ouverture d’esprit absolument incroyable. Et le fait d’arriver dans ce lycée des métiers d’art à Saint-Quentin qui est vraiment un endroit de devenir, où j’ai pu faire la rencontre de différentes techniques, que ce soit marqueterie, sculpture, tournage, plein d’autres. Vraiment un échantillon très large de ce qu’on peut faire dans le bois, voir même parfois des techniques qui sont plus de l’ordre du cinéma, de la sculpture, du modelage, des choses comme ça qu’on a pu voir aussi dans ce lycée qui ouvre un panel de possibilités. La possibilité aussi de voir des essences de bois, différentes façons. En marqueterie, on avait accès à un parc à placage gigantesque avec des essences de bois qu’on aurait du mal à revoir ailleurs.

Et moi je suis tombé amoureux encore plus à ce moment là. J’avais un attrait avant là je suis tombé amoureux et c’est à partir de là où je me suis dit ok, je suis au bon endroit, je vais continuer là dedans, persévérer. Et c’est comme ça que j’ai commencé à faire des guitares et ainsi de suite.

Le Duo de De Leeuw Guitars : Quentin et David

Delphine Souquet [00:17:56] Et tu cherchais un partenaire ou c’est arrivé un peu par hasard?

Quentin De Leeuw [00:18:01] Alors le hasard fait très très bien les choses. J’ai toujours voulu faire plus que juste être tout seul dans mon atelier. Mon père était industriel, donc j’ai toujours eu un regard un peu industriel de la chose, même si je défends une version art et artisanat, artisanat d’art, vraiment petites séries, guitare d’exception. Mais ce côté petit regard du monde de l’industrie était intéressant à mixer avec. J’avais un atelier tout seul qui tournait suffisamment bien pour pouvoir en vivre et  commencer à avoir un peu de réputation aussi dans le milieu. Et à ce moment là, j’ai rencontré David et l’affaire s’est faite de cette manière là. Donc on va dire que le hasard fait très, très bien les choses et que ça, ça se serait fait d’une manière ou d’une autre, peut être à un moment, je ne sais pas sous quelle forme, mais ça s’est bien fait.

Quentin De Leeuw [00:18:52] Vous êtes tous les deux très jeunes. Est ce que je peux vous demander votre âge?

Quentin De Leeuw [00:18:55] Moi, j’ai 28 ans et donc 26 quand on a commencé, c’est ça. [3.6s]

Delphine Souquet [00:18:59] Et j’en ai 32.

La reconnaissance du salon MIF

Notre concept de vouloir créer des objets de luxe et d’art en France et de s’exporter à l’international.

Delphine Souquet [00:19:02] Donc c’est un énorme succès, d’attaquer ce marché des métiers d’art à l’international avec une marque comme Deleeuv. Vous avez reçu un prix au salon du MIF qui vient de se tenir à Paris.

C’est une grande chance pour nous parce qu’on a tout juste deux ans

Quentin De Leeuw [00:19:21] Alors c’est un prix qui est décerné aux Espoirs. C’est d’ailleurs ce salon, c’est le Grand Prix de l’espoir aux espoirs du Made in France et à des entreprises qui créent et fabriquent leurs produits en France. Et on a eu la chance d’avoir le jury qui a cru en nous, on va dire même notre concept plus que juste nos produits. Notre concept de vouloir créer des objets de luxe et d’art en France et de s’exporter à l’international.

C’est une grande chance pour nous parce qu’on a tout juste deux ans. Et de voir ce qu’on a été capable de faire en deux ans,  des récompenses et du savoir faire qui est vu et qui est primé à ce niveau là. Pour nous, on est très humble par rapport aux prix parce que pour nous, on est encore tout petit et on sait qu’on a plein de choses sur lesquelles on souhaite aller… Nos instruments sont très précis, on ne cesse de travailler pour les rendre encore plus précis, pour les rendre encore plus aboutis bien qu’ils soient quand même à un niveau aujourd’hui où on rentre dans des très très grands studios d’enregistrement et qui montrent aussi cette qualité. Mais on reste humbles parce que c’est beau d’être récompensé.

Mais nous, ce qu’on veut, c’est vraiment porter l’artisanat d’art à travers le monde. On a conquis la France d’une certaine manière, on reconnait notre travail et aujourd’hui on veut qu’il soit reconnu dans le monde entier et on souhaite pouvoir participer à ce rayonnement français et montrer que okay, les guitares électriques ont été industrialisées et rendues possibles aux Etats-Unis et aussi en Angleterre, mais qu’on a, on a une place à prendre et on a quelque chose à montrer.

Delphine Souquet [00:21:01] Ça m’intéresse beaucoup le thème de l’export. Justement sur le média depuis sa création, avec le podcast je mène les interviews en multilingue, notamment le chinois. Par contre, je me pose toujours la question de comment on fait pour être visible du marché chinois? Parce que ce sont pas les mêmes canaux de communication par rapport aux réseaux sociaux qui sont accessibles en France, en Europe, par rapport au fait que le web a de l’importance ici, mais que le web est moins important d’un point de vue du marché asiatique ou le live streaming marche beaucoup. Moi j’aime bien construire ces ponts justement entre la France et l’Asie. Est ce que vous avez cracké quelque chose?

La plateforme de marque

Bâtir ce socle qui va nous permettre ce que j’appelle le sacré

Delphine Souquet [00:21:43] Alors on n’y est pas encore. Maintenant, on a une chance, c’est qu’on fait quelque chose qui est, quand je dis assez simple, c’est qu’on fait des guitares. En soi, les personnes qui vont nous représenter, ce sont des magasins de guitares. Et nous, ce qu’on bâtit aujourd’hui, c’est vraiment ce socle qui va nous permettre ce que j’appelle le sacré. Le sacré, c’est quelque chose qu’on ne peut pas enlever à une marque. C’est quand vous pensez par exemple à Rolex dans le milieu de l’horlogerie, ce sont les premiers à être allés à 20 000 lieues sous les mers. Quand vous pensez à Oméga, ce sont les premiers à être allés sur la Lune. Et nous, ce qu’on souhaite créer et étoffer, c’est ce sacré là.

Mais à 98 %, les instruments, on laisse le bois apparent parce qu’on veut montrer cet aspect.

C’est quelque chose qu’on ne peut pas nous enlever. C’est cet artisanat d’art, c’est ce made in France, ce sont les partenaires et les partenariats qu’on est en train de créer. C’est tout ça qui fait que lorsque l’on va à l’export, on aura ce socle là où on dira Ah, c’est De Leeuw Guitars, ce sont les Français, c’est ce savoir faire là et on veut le voir, on veut l’essayer. Parce qu’on fait des guitares et on ne va pas être compétitif par rapport à quelqu’un qui fait des guitares en Chine dans des usines et qui en font 40 000 par mois. C’est pas le but. On est dans du luxe, on est dans de l’artisanat d’art, mais avant tout de l’artisanat d’art. Et c’est ça qu’on crée. Et pour aller en Asie, pour aller au Japon, en Corée, en Chine, mais aussi aux Etats-Unis. C’est ça sur lequel on travaille, c’est vraiment de créer ce sacré là, cette image de marque où on se dira Ok, il y a De Leeuw Guitars et on connaît leur histoire.

Delphine Souquet [00:23:20] Tout à fait. C’est clair que l’authenticité est très importante pour pour. Pour beaucoup de marchés, notamment le marché asiatique où on revient à l’original en fait.

Delphine Souquet [00:23:33] Tout à fait. Tout à fait. C’est vraiment notre but premier, c’est de faire des  instruments où en fait on ne va pas cacher les bois. On a des instruments qu’on a peints parce qu’on nous a fait des demandes. Mais à 98 %, les instruments, on laisse le bois apparent parce qu’on veut montrer cet aspect. Et c’est cette authenticité là qui rayonne dans notre ADN en fait.

Delphine Souquet [00:24:00] Merci à tous les deux, c’était un plaisir.

Contacts

Vous pouvez contacter David et Quentin sur Linkedin ou sur leur compte instagram @Deleeuwguitars

Si vous avez aimé cet épisode #80 sur les métiers d’art, vous aimerez certainement le prochain episode #81 enregistré avec l’Atelier Chardon Savard et l’artiste Yanis Miltgen sur la broderie au salon We are French Touch 2023. Retrouvez chaque année le salon We are French Touch sur les podcasts de 2Goodmedia.

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