#81 Être un créateur engagé pour le Beau : la broderie de Yanis Miltgen, étudiant de l’atelier Chardon Savard à Paris

Yanis Miltgen Chardon Savard

Les coulisses du We are French Touch (Part 2). Que signifie être engagé pour un créateur ? Je reçois Yanis Miltgen, artiste en broderie et étudiant en Master à l’atelier Chardon Savard. Il est le vainqueur à tout juste 22 ans d’un prix au prestigieux Hand & Lock prize for embroidery de Londres. Il a déjà sa propre vision, une grande liberté de parole et une authenticité que j’apprécie tellement dans mes reportages à la rencontre des jeunes talents des industries créatives. Un épisode passionnant à écouter absolument pour découvrir le parcours et les créations de Yanis Miltgen présentées aujourd’hui et prendre conscience de l’importance du beau et de la créativité dans la transformation des industries créatives. Écoutez le podcast en cliquant ci-dessous, Yanis a une énergie incroyable et l’ambiance y est excellente comme vous pourrez l’entendre 😉🎙

A écouter 🎧

21 Novembre 2023 | Paris – We are French Touch

De Delphine Souquet

Ce que vous allez apprendre dans ce podcast

Une conversation podcast en 2 parties enregistrée au plus grand salon des professionnels des industries créatives à Paris pour parler des métiers d’art avec Yanis Miltgen, présent au we are French Touch et son école, l’atelier Chardon Savard à Paris.

Partie 1. Le parcours de Yanis Miltgen et son engagement pour le Beau

Yanis me confie dans ce reportage son parcours, sa “chance” comme il le raconte, qu’il est pourtant allé saisir lorsqu’il a postulé auprès de plus de 200 galeries d’art en Europe pour exposer ses pièces uniques en broderie, pour ne donner qu’un exemple de la force de travail qui l’anime. Artiste, brodeur, entrepreneur et étudiant en deuxième année de Master à l’atelier Chardon Savard à Paris.

Partie 2. La mission de l’atelier Chardon Savard pour démocratiser le processus créatif

Cette école de mode prestigieuse a été fondée à Paris en 1988 par Dominique Chardon et a permis de faire émerger des talents de la French Touch dans la mode célébrés sur les podiums de l’ANDAM ou du festival de Hyères. Nous écoutons en seconde partie du podcast l’originalité de la pédagogie de l’école avec Camille Blériot, la responsable de la communication, qui nous explique l’idée de la fondatrice, de démocratiser la créativité par le processus créatif.

Conversation avec Yanis Miltgen, artiste brodeur

Delphine Souquet: Je laisse place à ma discussion avec Yanis Miltgen, étudiant en dernière année de Master à l’atelier Chardon Savard, école de mode d’art à Paris.

Delphine Souquet: C’est parti. A peine arrivée à We are French touch je m’arrête sur le stand de l’atelier Chardon Savard. Bonjour.

Yanis Miltgen: Bonjour! Je suis Yanis Miltgen. Je suis étudiant à l’atelier Chardon Savard en dernière année et nous sommes au salon French Touch pour présenter l’école, tout simplement.

Delphine Souquet: Alors, quelle est ta spécialité? En quelle année est ce que tu es à l’école? Est ce que c’est la première fois que tu es à We are French Touch?

Yanis Miltgen: Je suis en dernière année de master, donc en deuxième année, et ma spécialité à moi c’est les métiers d’art, donc la maille d’art et surtout la broderie d’art. Et c’est la première fois que je suis à la French Touch.

Le salon We are French Touch pour les créateurs

Delphine Souquet: Être ici aujourd’hui, qu’est ce que ça t’évoque?

Yanis Miltgen: Et bien c’est super intéressant de travailler avec des personnes très créatives autour de nous et c’est hyper stimulant.

Delphine Souquet: Est ce que dans cet univers, tu vois des passerelles entre les différentes activités?

Yanis Miltgen: Et Bien justement, dès que je suis arrivée, j’ai directement été voir les doreurs pour leur proposer une collaboration et peut être que ça va se faire, je ne sais pas encore, mais j’espère.

Delphine Souquet: Ah, c’est génial! Et d’ailleurs, justement, quels sont les métiers créatifs qui sont présents aujourd’hui? Si tu peux me brosser un petit panorama.

Yanis Miltgen: Alors déjà, il y a le 19 m avec à l’atelier Montex. Il y a l’école Duperré aussi qui est ultra créative. Il y a le doreur, il y a une artiste brodeuse. Après, il y a aussi des créateurs de jeux vidéos et ça, je m’y connais moins 😅

Delphine Souquet: Et l’aspect technologique du salon? Est ce que c’est quelque chose qui te parle par rapport justement à tes études ou à tes projets?

Yanis Miltgen: Oui, justement, au niveau je ne sais pas encore, j’ai pas trop fait le tour. S’il y a des choses au niveau de l’IA ou des NFT. Mais oui, ça m’intéresse grandement, ça m’intéresse vraiment beaucoup surtout au niveau du développement de l’art dans ce domaine. Donc voilà.

Comment la broderie est entrée dans la vie de Yanis Miltgen

Delphine Souquet: Très souvent je rencontre des jeunes qui s’interrogent beaucoup sur le métier qu’ils vont faire. Comment est ce que toi tu as eu l’idée? Est ce que tu pensais faire ce type d’études? Est ce que tu pensais faire ce que tu fais aujourd’hui?

Pas du tout, mais alors pas du tout du tout. Moi, je voulais être chirurgien, donc aucun rapport …

Yanis Miltgen étudiant à l'atelier Chardon Savard

Qui est Yanis Miltgen?

Yanis Miltgen est un artiste spécialiste de la maille et de la broderie. Il est le fondateur de Miltgen Design et expose à la galerie Mobart à Luxembourg. Il étudie en Master à l’atelier Chardon Savard à Paris.

La passion de Yanis Miltgen pour les techniques textiles et la broderie

Yanis Miltgen: Pas du tout, mais alors pas du tout du tout. Moi, je voulais être chirurgien, donc aucun rapport. J’ai terminé en école de mode après le baccalauréat et de base, je n’étais pas non plus prédisposé à la broderie. Mais en fait, c’est en première année, quand on a découvert les différentes techniques textiles que je suis vraiment tombé amoureux de ce domaine là. Et donc j’ai cherché à me former. Je suis là.

Delphine Souquet: Alors parle nous justement de la broderie. Aujourd’hui d’ailleurs, sur le Booth de l’atelier Chardon Savard au We are French Touch, tu vas broder en direct.

La technique de broderie de Yanis Miltgen : recherche et processus créatif

Ça a été très compliqué, c’était 1500 heures de travail, donc ça a été vraiment d’énormes recherches

Yanis Miltgen: Oui, je vais broder une technique que j’ai créée du coup. C’est ce que j’appelle… C’est un peu compliqué. Je dérive une technique de joaillerie enfin plutôt de bijouterie qu’on utilise en Israël à partir d’une matière qu’on appelle la sous tache. Donc c’est la matière qui est utilisée pour les galons militaires que je combine avec des horloges que j’ai récupérées pour créer des accessoires de mode assez fantaisie. Voilà. Et donc ça, c’est pour créer ma seconde collection, mais qui sera une collection d’accessoires cette fois ci. Donc sacs, gants, etc qui s’appellent “Sculptures du temps”. Donc voilà.

Delphine Souquet: Explique moi comment on met au point la partie conception / recherche, j’imagine que c’est très important et qu’en plus tu te lances dans un process, une technique que tu vas développer peut être pendant des années. C’est quoi le parcours que tu as suivi pour cette technique justement?

Yanis Miltgen: Et bien en fait, déjà au cours de ma dernière année de master, j’ai réalisé une silhouette issue de la même technique mais qui n’était pas métallisée, donc pas en volume. Ce qui déjà a été très complexe parce qu’en fait il fallait que ça épouse bien le corps etc, que ça cache les parties intimes concrètement. Ça a été très compliqué, c’était 1500 heures de travail, donc ça a été vraiment d’énormes recherches. Moi ce que j’appelle en fait de la recherche scientifique. Donc on teste, on voit ce qui marche, on voit ce qui marche pas. Ça, ça marche du coup on fonce, et ainsi de suite. Et là, du coup, j’ai fait encore évoluer ma technique initiale en rajoutant le métal dedans, pour avoir la dimension 3D que je n’avais pas avant.

Qu’est-ce qu’un créateur textile?

Le rapport entre les métiers d’art et la recherche sur les textiles

pour moi en fait déjà les métiers d’art sont une forme de science

Delphine Souquet: Et d’ailleurs, parle nous un peu justement de quel est le rapport que tu vois entre la science et les métiers d’art?

Yanis Miltgen: Et bien pour moi en fait déjà les métiers d’art sont une forme de science. Parce que comme je l’explique, moi je me considère comme un créateur textile entre guillemets, pas vraiment comme un créateur de mode. Et je compare vraiment ça à de la recherche scientifique parce qu’on émet une hypothèse. On va chercher à répondre à notre hypothèse, si c’est juste ou pas. Et en fait, tout va évoluer au fur et à mesure jusqu’à arriver à un résultat dont si ça se trouve, on avait même pas l’idée initiale. Donc c’est tout un cheminement mais qui est digne d’une démarche scientifique. Pour moi, je trouve que c’est vraiment ce côté scientifique que je tiens à mettre en avant dans mes créations.

Quelle est l’importance de l’alignement pour créer ?

j’ai réussi à combiner métiers d’art, sciences et toute la dimension mode qui finalement n’est plus si importante que ça pour moi

Delphine Souquet: Et d’ailleurs, toi, en termes de tes affinités, ce que tu aimes, est ce que tu as l’impression d’être, d’être aligné avec toi même?

Yanis Miltgen: Ouais, ouais, je suis aligné. Vous m’auriez dit ça il y a quatre ans, Non. Mais aujourd’hui Oui. Parce que j’ai réussi à combiner métiers d’art, les sciences et toute la dimension mode qui finalement n’est plus si importante que ça pour moi. Puisque c’est surtout les métiers d’art et le côté recherche textile qui m’intéressent. Toujours pousser la matière le plus loin possible à l’extrême et voir ce qu’on peut faire avec ça.

La casquette de l’entrepreneur des industries créatives : le parcours de Yanis Miltgen

Je communique via la mode, via des shootings et des défilés. Mais je vends en galerie d’art

Delphine Souquet: Et est ce que aujourd’hui tu as déjà une vision du métier que tu veux occuper dans les années à venir?

Yanis Miltgen: Moi j’ai la chance de déjà avoir mon entreprise donc du coup je peux déjà vendre. J’ai fait des expositions d’art à l’étranger, donc en fait, les silhouettes, les pièces que je présente sont destinées en fait à l’art. Je communique via la mode, via des shootings et des défilés. Mais je vends en galerie d’art en fait. Du coup, en tant qu’ artiste entre gros guillemets, mais vraiment toujours avec ce côté recherche textile qui est omniprésent dans mon travail.

Delphine Souquet: Donc tu es entrepreneur aussi?

Yanis Miltgen: Oui, je suis entrepreneur, j’ai une entreprise en France et une entreprise au Luxembourg. Donc j’ai les deux.

Delphine Souquet: C’est extraordinaire. Et quel âge as tu?

Yanis Miltgen: J’ai 22 ans.

Delphine Souquet: Et ce côté entrepreneuriat est ce qu’il était en amont de ta démarche ou concomitant? Ou est ce qu’il est venu après?

Yanis Miltgen: Alors moi je n’ai jamais voulu travailler pour quelqu’un. C’est vraiment quelque chose qui a toujours été acté. J’ai toujours dit je ne travaillerais jamais pour personne. De la collab? Bien sûr que oui. Mais travailler pour quelqu’un en tant que brodeur, non, jamais. Parce que j’ai envie de raconter mon histoire, tout simplement. Et oui, j’ai démarré directement pendant le master quand j’ai commencé à exposer en galeries d’art et à vendre en fait.

Delphine Souquet: [00:31:32] Ou est ce que tu exposes en galeries d’art? [00:31:34][1.4]

Yanis Miltgen: [00:31:34] J’ai exposé au Luxembourg, donc je suis artiste permanent luxembourgeois à la galerie d’art Mobart au Luxembourg. Je ne sais pas si je peux le dire?

[00:31:42] Mais bien sûr.

[00:31:44] La galerie d’art Mobart, elle est située sur l’avenue du Grand Duc. Donc voilà, c’est la plus grande galerie du Luxembourg.

Delphine Souquet: [00:31:52] J’ai fait un stage moi aussi à Luxembourg il y a quelques années chez PwC en audit, pour dire que quand on parle de parcours, c’est rigolo parce que moi non plus, il y a quinze ans, je ne voyais pas du tout faire des reportages à la French Touch. Alors que j’étais partie pour être auditrice.

Moi j’adore le Luxembourg c’est mon pays de cœur, je suis Luxembourgeois et français, j’ai deux nationalités, ma maman luxembourgeoise et mon père français.

Peut-on vivre de sa créativité ?

Delphine Souquet: [00:32:26] C’est passionnant aussi ton parcours d’entrepreneur. Je rencontre beaucoup de jeunes qui sont attirés par exemple par une matière comme le design, l’animation, le dessin et qui s’interrogent beaucoup sur : on est créatif … C’est quoi les perspectives? Est ce que financièrement, par exemple, ils vont réussir à vivre de l’art, de la créativité? Ils ont peur qu’être entrepreneur, ce soit antinomique avec être créatif. Si tu avais un message à leur passer… Je ne sais pas si toi tu t’es posé les mêmes questions et quelles réponses aujourd’hui en tout cas, tu apportes à cette dualité entre la créativité et le business. Comment en vivre? Est ce qu’on arrive à vivre de la créativité?

Yanis Miltgen: Alors pour moi, on peut vendre n’importe quoi à partir du moment où on est doué en marketing un petit peu. Donc c’est après à vous de développer les techniques de marketing. Mais tout se vend aujourd’hui. Absolument tout se vend et il faut juste avoir une bonne, vraiment très bonne stratégie marketing et une très bonne stratégie de communication pour en fait aller cibler notre clientèle concrètement. Donc si je pouvais conseiller les créatifs, en fait, c’est de se faire un peu de mal et de vraiment se former au marketing et à la communication pour développer cet aspect là qui est super important dans le design. Pour moi aujourd’hui c’est le seul moyen d’allier les deux : business et créativité, c’est d’avoir des bonnes bases en communication et en marketing pour se vendre.

Delphine Souquet: Très bien. Et est ce que tu as reçu de l’aide dans ce parcours d’entrepreneuriat? C’est quoi justement le cheminement?

Yanis Miltgen: Alors moi j’ai terminé mon Master 1 j’avais que la partie créative. Et la partie marketing concrètement, je l’ai apprise sur le tas en rentrant en galerie d’art. J’avais vendu une pièce donc j’en ai profité pour ouvrir au Luxembourg. Et au Luxembourg, en fait, j’ai eu la chance, je ne sais pas comment ça se passe en France du coup, mais au Luxembourg, j’ai eu la chance de faire ce qu’on appelle la Start up Commerce Mentorship au Luxembourg . Et en fait, ce sont des gens qui vont aider les entreprises à démarrer. Donc vous avez une bourse, vous avez différentes choses qui sont faites pour les jeunes créateurs, mais pas que pour les créateurs de mode ou les artistes. Demain, vous ouvrez, je ne sais pas moi, une boutique de cupcakes à Luxembourg ville, vous serez aidé comme moi j’ai été aidé. Et en vrai ils vous expliquent au niveau fiscal comment ça fonctionne, comment vous mettre en avant, vous cumulez des points en fonction des mois et après vous avez accès à des formations en marketing, etc. Tout se goupille progressivement. Moi j’ai beaucoup de chance parce que j’étais au Luxembourg, mais en France je ne sais pas.

Présentation des créations de Yanis Miltgen en broderie

Delphine Souquet: Est ce que tu pourrais me présenter les silhouettes que tu as apporté sur le stand?

Yanis Miltgen: Oui, il y en a quatre. Donc vous avez un opéra d’automne qui est une silhouette entièrement réalisée à la main. En fait toutes mes silhouettes sont réalisées à la main, mais celle là, c’est de la maille sculpturale, donc c’est de l’aluminium autour duquel je suis venu tricoter et j’ai rajouté des perles de bois et après on a crocheté des feuilles aussi avec de l’aluminium dedans pour avoir sur cette idée de volume et créer une sorte de véritable arbre Ronce entre guillemets.

Ensuite, vous avez Primavera, donc ma silhouette qui présente le Printemps. Il me manquait un tailleur très basique dans la forme, mais très très créatif dans la matière. Là on est sur du crochet comme au XIVᵉ siècle. Tout est fait à la main et on a de la vraie fleur qui est stabilisée dessus. Et voilà, pareil, on a toujours l’aluminium pour créer les volumes, des fleurs qui sont en volume, et on a du tricot métallique aussi en haut des fleurs roses.

Ensuite, vous avez mon tailleur en nacre noire de Tahiti. Donc voilà, il y a sept kilos de nacre dessus et on a créé une sorte de mosaïque qu’on a dû percer en fait comme font les personnes en joaillerie pour les diamants. Donc on a créé une mosaïque sur le corps, enfin sur le corps, sur le tailleur pour que ça devienne enfilable et porté.

Et ensuite vous avez ma silhouette Angoisse mortelle, donc qui est ma deuxième silhouette que j’ai créée et qui est entièrement brodée à la main toujours avec une technique de broderie de jour et de broderie anglaise. Et les ailes battent en fait. Donc il y a un système électrique dedans. Il y a un bouton derrière avec un moteur d’essuie glace que j’ai récupéré pour pouvoir faire battre les ailes.

Delphine Souquet: [00:37:21] Et donc justement, entre ce travail sur la matière, la recherche et la silhouette, la portabilité, le design, la pièce de mode, quel est ton process? Comment concrètement toi tu t’organises?

Yanis Miltgen: [00:37:38] Eh bien du coup, comme je dis, la mode ça m’intéresse pas. Être dans la tendance, ça ne m’intéresse pas du tout. Moi c’est vraiment un challenge technique à chaque fois de savoir comment la personne va rentrer dedans et comment innover par la matière tout le temps.

Comment trouver l’alignement entre qui l’on est et ce que l’on fait

Mais en fait, il faut vouloir être aligné aussi. C’est un cheminement et c’est aussi un long travail personnel …

Delphine Souquet: Les galeries d’art, c’était naturel pour toi?

Yanis Miltgen: C’est mon professeur de Master 1 qui m’a conseillé d’aller postuler la galerie d’art et ça a marché directement, donc j’ai eu beaucoup de chance. J’ai quand même écrit à 200 galeries et partout en Europe! Et le Luxembourg m’a pris. C’était très étrange parce que elle était à 20 kilomètres de chez moi …

Moi je crois au destin

Delphine Souquet: Est ce que tu crois à la spiritualité et à ton guide?

Yanis Miltgen: Oui, oui, oui, oui. Donc oui, oui. Moi je crois au destin. De toute façon dans ma collection il y a une silhouette qui s’appelle Superstition avec du tarot. Oui, j’y crois …

Delphine Souquet: Moi aussi. Tu vois, on s’est aussi bien rencontré… 😅

Yanis Miltgen: Ben oui.

Delphine Souquet: C’est l’alignement entre ce que l’on fait, qui l’on est. C’est quelque chose qui te parle?

Yanis Miltgen: Moi je vois beaucoup de gens qui ne réussissent pas dans la vie, notamment en broderie. Parce que j’ai fait partie d’un groupe de broderie et la personne qui m’a formé en fait à créé une école de broderie. Et c’est aussi quelqu’un de très spirituel qui dit tout le temps que si on n’est pas aligné, ça ne marchera jamais. Et j’y crois vraiment. Mais en fait, il faut vouloir être aligné aussi. C’est un cheminement et c’est aussi un long travail personnel sur soi même. C’est du développement personnel concrètement. C’est prendre en compte ses faiblesses pour aller vers ce dont on rêve secrètement en fait.

le terme final c’est vraiment d’ouvrir une énorme énorme maison de broderie, mais qui fera des défilés et qui travaillera pour l’art, qui sera aussi école

Delphine Souquet: Quelle vision as-tu ? Est-ce que tu as une big picture pour le futur?

Yanis Miltgen: Moi je travaille par vision board et lois d’attraction. Donc pas du tout! Non, moi le terme final c’est vraiment d’ouvrir une énorme énorme maison de broderie, mais qui fera des défilés et qui travaillera pour l’art, qui sera aussi école, fondation, préservation des métiers d’art, tout ça. Travailler avec des décorateurs d’intérieur, c’est vraiment quelque chose d’énorme. Et aussi de me développer à l’étranger, c’est quelque chose qui m’intéresse vraiment beaucoup. Plus les États Unis, New York, ça me plairait vraiment, Londres parce que je reviens de Londres justement là (Yanis vient de remporter le Hand & Lock Prize de Londres 😅)… Et voilà l’Italie aussi, Milan.

Que signifie être engagé quand on est un créateur

Moi j’ai une vision de la mode qui est très tranchée …

Yanis Miltgen

Delphine Souquet: Très intéressant. Et justement, quelle est toi ta vision de cette industrie de la mode? Et quelle est la place des métiers d’art là dedans?

Le beau et faire rêver

Yanis Miltgen Moi j’ai une vision de la mode qui est très tranchée. Aujourd’hui je trouve que les créateurs … mais c’est mon discours et vraiment tout ce que je vais dire c’est ça m’est très personnel, et je veux blesser personne. Moi la mode aujourd’hui, je n’aime pas du tout. Parce que on en entre dans une dimension beaucoup trop… Comment dire, les créateurs aujourd’hui, en fait, ils se battent pour savoir lequel sera le plus engagé politiquement ou écologiquement. Alors que de base pour moi la mode et les métiers d’art, et justement, c’est grâce aux métiers d’art que j’ai cette vision là, c’est fait pour faire rêver. Et en fait finalement pour moi c’est la question que je me pose est ce que ce n’est pas plus beau de combattre toute l’hostilité du monde et toute la noirceur de ce monde en créant du beau ? Et juste de faire rêver les gens avec des pièces spectaculaires, belles.  Juste du beau : Est-ce que ce n’est pas finalement être engagé politiquement au lieu de faire des silhouettes recyclées ou des choses comme ça? C’est une question que moi je me pose et c’est vraiment ce que je veux transmettre par mon art. C’est montrer aux gens …Eh bien en fait, juste en créant du beau, on peut faire rêver les gens. Et si j’arrive à faire rêver les gens ne serait ce qu’une minute par l’une de mes silhouettes, franchement, j’ai tout gagné.

Delphine Souquet [ C’est vrai. Et d’ailleurs, sur le média, c’est un peu la même chose aussi. Moi aussi je n’ai pas créé un média vert, un média écologique. Dans tous les cas, c’est dans mon ADN.

Yanis Miltgen C’est pas une chose qu’il faut occulter. On sait qu’aujourd’hui on a des grosses difficultés au niveau écologique dans le monde entier. Mais justement, est ce que ce n’est pas à nous de faire rêver les gens en leur faisant oublier cette phase là? Et en fait voilà, je trouve que c’est pas vraiment la place de la mode de s’engager politiquement ou écologiquement. Même si je sais que l’industrie de la mode est très polluante. Mais c’est le prêt à porter. Donc encore une fois, voilà, c’est comme je dis, les gens qui me disent oui, t’es pas engagé politiquement. Oui, mais moi mes pièces, ce sont des pièces uniques. Donc c’est moi qui les fait. Je sais d’où viennent les produits, je sais ce que je fais. Enfin voilà. Et encore une fois, c’est la recherche textile. Donc je n’utiliserais pas forcément des matières qui seront issues de l’industrie textile de base. Et donc voilà, est ce que moi, ma démarche n’est pas plus écologique qu’une marque qui va quand même aller produire 50 d’exemplaires de la même pièce?

Delphine Souquet Comment justement, dans cette industrie, avoir un impact?

Yanis Miltgen Sans que ça change l’esthétique qui pour moi doit rester belle puisque la mode c’est fait pour habiller ou faire rêver. Moi je dis c’est ça.

Delphine Souquet Si je te pose la question de ce qui te fait rêver toi aujourd’hui, quelle est la première idée qui te vient à l’esprit?

Yanis Miltgen Continuer à créer, tout simplement. Continuer à créer, Faire ce que je fais sans me poser de questions et toujours faire rêver les gens?

Delphine Souquet Merci beaucoup! C’était une super discussion.

Yanis Miltgen Merci beaucoup à vous, c’est super, vraiment j’ai adoré!

Contacts

Pour en savoir plus sur Yanis Miltgen, vous pouvez le contacter sur son compte instagram @miltgen_design et admirer ses créations qui lui ont valu un prix au prestigieux Hand & Lock Prize 2023.

Partie 2. L’atelier Chardon Savard à Paris au We are French Touch

la fondatrice a créé l’école en 1988. Je pense que son idée, c’était justement de permettre à des jeunes de pouvoir apprendre à devenir créatifs et de ne pas mettre de barrières

Delphine Souquet Merci! Dans la deuxième partie de ce reportage, approfondissons à présent la notion de créativité. Je laisse place à ma discussion avec l’atelier Chardon Savard, école de mode à Paris. Pourriez-vous m’en dire un peu plus sur la présence de l’école aujourd’hui à We are French Touch?

Camille Blériot [Bonjour. Alors moi je m’appelle Camille Blériot, je suis en charge de la communication de l’atelier Chardon Savard qui est une école de mode parisienne qui existe depuis 1988. On se démarque par la créativité de nos étudiants, et qui est la conséquence de la pédagogie même de l’école qui s’appelle le processus créatif. Donc je pense que ça faisait complètement sens qu’on soit là aujourd’hui à WE Are French Touch, puisque cette année, cet événement met en avant justement la créativité.

la créativité n’est pas un don, mais elle peut bel et bien s’apprendre et se développer

Le processus créatif, ça part d’un postulat qui est simple, c’est que la créativité n’est pas un don, mais elle peut bel et bien s’apprendre et se développer grâce justement à cette pédagogie que la fondatrice de l’école a mis en place. Dominique Chardon Savard.

Delphine Souquet C’est très intéressant. Je ne connaissais pas l’école, donc je la découvre, c’est ça qui est fantastique à We are French touch de pouvoir rencontrer aussi des écoles, des professionnels…

La différenciation par le processus créatif, une méthode pédagogique de Chardon Savard

Camille Blériot Donc voilà, c’est cette créativité qu’on essaie de représenter aujourd’hui avec les silhouettes de Yanis qui, je pense, parlent d’elles mêmes. Chaque étudiant a sa personnalité et c’est pour ça qu’on dit qu’il n’ y a pas de patte atelier Chardon Savard. Puisque si on regarde les défilés de fin d’année, vous voyez que chaque collection est complètement différente parce que chaque étudiant a la possibilité de laisser libre cours à sa personnalité, à sa propre créativité. Alors la fondatrice a créé l’école en 1988. Je pense que son idée, c’était justement de permettre à des jeunes de pouvoir apprendre à devenir créatifs et de ne pas mettre de barrières. Voilà, cette idée reçue que certains naîtraient avec un potentiel créatif et d’autres non. On parle souvent d’utilisation du cerveau droit, d’utilisation du cerveau gauche. Certaines personnes seraient plus douées d’un côté que de l’autre. Et justement, dans la pédagogie, il y a cette idée d’utiliser la double pensée analytique. Et ça c’est très intéressant. Et voilà, il y a plein de choses dans cette pédagogie qui permet justement de développer la créativité de chacun.

Delphine Souquet Vous avez combien d’élèves et comment est structurée l’école? En quels programmes?

notre formation principale, c’est la formation de designers de mode

Camille Blériot Alors bien évidemment, comme nous sommes une école de mode, notre formation principale, c’est la formation de designers de mode. Donc c’est une formation après le baccalauréat qui va former des stylistes designers de mode. Donc tout d’abord, ils commencent par un bachelor, donc c’est trois ans après le bac. Et donc, pour illustrer cette idée justement, de développer la créativité de chacun. L’entrée en première année se fait sans prérequis de niveau, c’est à dire que les professeurs sont là pour tout apprendre aux étudiants, justement à travers cette pédagogie, et de laisser sa chance même à un étudiant qui aurait fait un bac scientifique et qui n’aurait pas forcément d’aptitudes artistiques déjà établies, etc.

Est ce que d’ailleurs vous les recherchez par exemple, ces profils un peu complexes peut être, qui s’interrogent sur leur voie?

Alors ça aussi, nous n’avons pas mis en place de concours, nous ne faisons pas partie de Parcoursup par exemple, nous souhaitons rencontrer chaque étudiant qui souhaite intégrer l’école, et ça par le biais d’un entretien de motivation. Donc, c’est à dire que chaque étudiant va rencontrer une chargée des admissions pour échanger, pour découvrir son profil et pour justement nous faire part de sa motivation à apprendre ce métier là.

Ce qui va parfois aussi les déstabiliser puisqu’il y a une façon d’apprendre qui va être un peu originale. On va leur demander de dessiner les yeux fermés, avec la main gauche, ou la main droite. Il y a vraiment des choses assez alternatives qui peuvent être déstabilisantes, mais qui vont leur permettre de développer la créativité. On dit souvent que l’important c’est de laisser place à l’erreur. Aussi beaucoup de travail en équipe pour favoriser l’émulation. Voilà, donc il y a plein de techniques, de façons d’aborder l’apprentissage qui vont être vraiment différentes à l’atelier Chardon Savard.

Les anciens élèves de l’atelier Chardon Savard

Delphine Souquet Parmi vos vos anciens élèves, comment est ce qu’ils évoluent professionnellement?

Camille Blériot Alors justement, c’est une question intéressante parce que ça aussi, ça illustre vraiment la créativité de l’école, puisque très fréquemment déjà nos étudiants et on est très fiers, sont récompensés par des prix des métiers de la mode comme le festival de Hyères, comme l’ANDAM Fashion Award où d’ailleurs, le dernier en date, on a eu quand même trois anciens étudiants qui étaient sur le podium.

Delphine Souquet Name Dropping?

Camille Blériot Alors je ne sais pas si vous connaissez, mais je pense à Alice Vaillant, qui est de toutes les Fashion Weeks,  Arthur Avellano qui habille les plus grandes stars. Lui par exemple, sa niche ça va être le latex.  Victor Weisanto, je pense qu’on n’est pas passé à côté. Il a souvent fait l’objet d’interviews de Loïc Prigent ou bien il est même  passé dans Quotidien pour l’ouverture des Fashion Weeks françaises. Et aujourd’hui on est avec Yanis Miltgen qui a remporté le Hand & Lock prize qui est le prix anglais et international de la broderie.

Delphine Souquet Incroyable! Et puis il est très humble parce qu’il n’en a pas parlé.

Camille Blériot [Voilà Bien, moi je vous le dis et donc là c’est très important pour lui. Nos étudiants sont très souvent primés et reconnus pour leur créativité justement.

Vous mentionnez le mot process et apprentissage. Quelles sont les clés? Ce qui vous semble le important justement pour guider ces jeunes? Parce qu’on a un gros sujet sur l’orientation des jeunes. Est ce que vous avez un conseiller d’orientation dans l’école?

Camille Blériot Alors justement, d’où l’importance de rencontrer chaque étudiant et d’échanger avec eux sur ce qui les a amenés justement à prendre ce rendez vous. Et ça, c’est le travail de nos chargés d’admission. C’est aussi de bien les informer. Comme on dit, un entretien c’est pas juste au moment où nous on va évaluer le candidat. C’est aussi le moment où le candidat peut poser des questions sur l’école et doit évaluer si l’école va lui correspondre. Nous, on est une école à taille humaine, une école presque encore familiale. On a notre plus grosse promotion, ce sont les premières années designer de mode et il y a quatre classes seulement, donc ce n’est pas énorme par rapport à d’autres écoles. Et on va leur dire à ce moment là que c’est le moment pour eux de savoir s’ils vont se sentir bien, de nous poser des questions. Évidemment, vous vous en doutez bien, la passion pour la mode, l’intérêt pour la mode, ça va être décisif.

Mais aussi on les informe et on les met en garde sur le fait que c’est une formation qui demande beaucoup de travail parce qu’on apprend un métier technique. Ce n’est pas le même apprentissage qu’on peut avoir au lycée. Donc ça veut dire qu’il y a plus de matière théorique français, histoire, géo, maths, c’est fini, on va vraiment apprendre des choses pratiques. Donc voilà, les mettre en garde que ça va être beaucoup de travail, parce que parfois la mode ça peut être vu comme beaucoup de paillettes et de folie, et on en oublie que ça demande énormément, énormément de travail. Il y a beaucoup d’heures de cours. Donc voilà, je pense que l’orientation c’est le fait de leur laisser aussi la possibilité de poser des questions. Voilà, Le but c’est vraiment de faire des classes avec des éléments motivés. Donc voilà un vrai échange en amont.

Delphine Souquet Et est ce que vous voyez justement que le profil des jeunes qui rentrent à l’école, qui postulent, a-t-il changé et est-ce qu’ils en ont pris conscience? Est ce que, est ce que même certains ils n’ont pas, n’ont pas trop peur de la difficulté de réussir dans ces métiers?

Et bien écoutez, justement, je suis assez impressionnée puisque déjà premièrement, il y a des profils de tous horizons. Comme nous n’avons pas de concours ni de prérequis de niveau, on a à la fois des étudiants qui ont fait des bac techniques, des bac artistiques ou bien des bac littéraire, ou bien des sciences des bac scientifique. On a vraiment de tout horizon. Donc déjà ça c’est assez intéressant et surtout de voir, nous qui suivons leur évolution, qu’un étudiant qui vient d’un bac qui n’est pas artistique par exemple, réussit aussi bien, voire mieux parfois que quelqu’un qui aurait fait un bac artistique. Donc déjà ne pas se mettre de barrières et ensuite je les trouve très motivés et je les trouve confiants. Donc je pense que ceux qui sont passionnés réellement ils foncent et ça c’est assez rassurant et c’est assez. Voilà, ça donne un peu d’optimisme en ce moment.

Delphine Souquet Yanis me disait qu’il était aussi entrepreneur. Est ce que c’est de plus en plus fréquent? Est ce que les étudiants se voient leur propre patron ou est ce qu’ils se voient salariés, designers d’une grande maison? Comme traditionnellement, quand on se lançait dans ces carrières, c’était la voie royale.

Camille Blériot Alors justement, la professionnalisation, c’est quelque chose qui est très important à l’atelier. Les jeunes, il y en a autant je pense qui veulent être stylistes dans une maison ou dans un studio pour commencer. Mais pour la majorité, effectivement, leur rêve est de créer leur marque, de devenir leur propre patron. Mais en école créative, en école d’art, comme nous, car on est une école de mode, les étudiants … Yanis, c’est un peu une exception… ils ne parlent pas de devenir leur propre patron. Eux, ils veulent vraiment créer leur marque, raconter leur histoire. Ce n’est pas c’est pas forcément dans le sens d’être son propre patron. Et en ça on essaie de les accompagner au maximum. Donc on a mis en place à l’école une personne qui est dédiée à l’accompagnement dans la professionnalisation. Donc elle leur fait des cours de cv, des cours de lettre de motivation, des coaching pour réussir ces entretiens.

Mais aussi nos intervenants sont des professionnels en activité, ce qui nous permet de dispenser à nos étudiants un enseignement actuel qui correspond à ce que demande le marché du travail, en tout cas dans la mode. Et enfin, on organise des événements pédagogiques pendant lesquels ils peuvent rencontrer des professionnels de la mode, notamment les showrooms par exemple. À la fin de l’année, les étudiants doivent montrer leurs collections à tout un parterre de professionnels de la mode. On organise les défilés de mode aussi, ou on invite des professionnels de la mode pour montrer le travail de nos étudiants. Et aussi les étudiants sont soumis à des jury, donc des profs de la mode vont évaluer leur travail. Voilà. Et ça, ça leur permet aussi de se faire leur réseau, de rencontrer les professionnels et mettre un pied dans le monde du travail. Et si je pouvais ajouter aussi, on demande aux étudiants de faire des stages tous les ans, dès la première année. Voilà.

Delphine Souquet Très bien. Merci beaucoup pour toutes ces explications précieuses et donc à très bientôt pour la publication sur 2Goodmedia.

Camille Blériot Merci à vous de vous intéresser au travail de nos étudiants.

Delphine Souquet Avec plaisir.

Delphine Souquet Merci d’avoir écouté cet épisode spécial WE are French Touch enregistré à la Maison de la Mutualité à Paris avec Yanis Miltgen et l’atelier Chardon Savard.

Delphine Souquet Si vous avez aimé cet épisode, vous aimerez certainement l’épisode #80 enregistré avec De Leeuw guitars sur la passion du bois, l’artisanat d’art et l’industrie musicale au We are French Touch. Pour ne rien rater de mes reportages de décryptage des grands salons des industries créatives en France et à l’étranger, inscrivez-vous au podcast de 2Goodmedia sur votre plateforme d’écoute préférée Spotify ou Apple Podcast. Et retrouvez le lien du podcast en début d’article.

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Credits : Article and Podcast de 2goodmedia, all rights reserved 2good holding @2023 ; credit Photo Miltgen Desin

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