#65 Self Love et Fashion design avec Alain Soreil, directeur de l’école Duperré

Ecole Duperré - Rome Fashion Week

Un podcast exclusif avec Alain Soreil, le Directeur de l’école Duperré, enregistré à l’occasion de la Rome Fashion week où les étudiants parisiens sont invités à défiler sur le catwalk par l’Accademia di Belle Arti di Roma (les Beaux Arts de Rome). Un événement qui célèbre le nouveau partenariat entre ces deux grandes institutions publiques d’études supérieures de Mode et Arts appliqués. Un échange passionnant avec Alain Soreil, doyen d’une école de Mode publique et Humaniste moderne. Nous parlons de la formation au métier de Fashion designer, des spécificités de l’école Duperré, et du déroulement de la Rome Fashion week, veritable plateforme de lancement des jeunes designers du Made in Italy.

14 Juillet, 2022 | Rome
De Delphine Souquet

Podcast avec Alain Soreil, Directeur de l’école Duperré, à l’occasion de la Fashion Week de Rome avec l’Academia di Belle Arti di Roma

Je pars en reportage pour le podcast de 2Goodmedia 2 x par an à la rencontre des jeunes designers émergents du Made in Italy mais aussi des Écoles Supérieures de Mode comme aujourd’hui l’École Duperré invitée a partager le catwalk de la Fashion week avec l’Accademia di belle arti de Rome dans le cadre d’un partenariat exceptionnel entre 2 grandes institutions publiques, l’une parisienne et l’autre italienne. Un statut public et un accès gratuit à l’éducation de niveau supérieur dans le domaine des métiers d’art et de la mode, c’est une chose rare et exceptionnelle.

Portray of Alain Soreil, Director of the Ecole Duperré in Paris

Qui est Alain Soreil?

Alain Soreil est le Directeur de l’Ecole de Mode DUPERRÉ à Paris, une grande institution publique de la mode fondée en 1864. Elle forme de jeunes créateurs dans les secteurs de la mode, de la création textile, de la céramique, du design d’environnement et du design graphique.

Podcast INTRO 🎙

Pour vous resituer notre rencontre, je vous rappelle que je suis Reporter podcast et que je laisse une grande part aux rencontres spontanées dans la façon dont je vis et je couvre un évènement. Cette rencontre avec Alain Soreil de l’école Duperré à la Rome Fashion week n’était pas prévue et je vais vous raconter pourquoi les rencontres inattendues sont parfois les plus belles. Dès les premières minutes de notre discussion avec Alain, j’ai compris que j’avais en face de moi une personne spéciale, un humaniste moderne, et que notre discussion serait vraie et non conventionnelle. La question de l’identité sexuelle et de l’amour de soi dans l’éducation des jeunes Designers est arrivée naturellement et spontanément sans même que je pose de question. Interview spéciale avec Alain Soreil, Doyen d’une école de Mode publique et Humaniste moderne.

2Goodmedia podcast reportage à la Rome Fashion week avec l’école Duperré

J’ai découvert Altaroma lorsque j’étais expatriée pendant 7 ans à Rome en Italie. J’ai alors  compris l’importance de cette Fashion Week pour le lancement des jeunes designers de la Mode italienne, quelle que soit leur nationalité d’ailleurs, ce qu’on appelle ici les talents du Made in Italy.

Au départ, j’étais curieuse de comprendre ce système très bien conçu et rodé de la mode italienne entre Milan-Florence-Rome dont on parle très peu dans les médias français. 

Fidèle d’Altaroma et bilingue in italano, je suis aujourd’hui devenue en quelque sorte, une ambassadrice d’Altaroma pour la France mais je préfère le terme de pont entre la France et l’Italie. Pour faire connaitre le meilleur de la mode italienne en France et vice versa. Ainsi que les coulisses de cette industrie.

Education au Fashion Design : Au-delà du parcours académique, les enjeux d’un point de vue humain

D’autant plus quand on connait le problème d’inégalités des chances et les difficultés d’accès aux métiers des industries créatives comme Fashion Designer que ce soit pour des raisons économiques, géographiques ou sociales. Pourtant cette diversité est essentielle pour que la Mode parle à tous et continue de nous apporter du bonheur comme me l’explique mon invité Alain Soreil, Directeur de l’École Duperré que je rencontre à la sortie du défilé de ses étudiants a la Rome Fashion Week, un moment émouvant car il s’agit certainement du premier défilé important dans une carrière de Fashion designer.

Le partenariat entre l’Ecole Duperré et l’academia di Belle Arti di Roma

Delphine : On est à la Rome Fashion week. Je suis en présence du directeur de l’école Duperré, Alain Soreil et j’ai le plaisir de pouvoir parler du jumelage qui existe entre l’école de mode Duperré à Paris et l’Academia di Belle Arti di Roma qui est une véritable institution ici à Rome. Donc on parle de 2 écoles publiques qui forment les jeunes designers de demain d’une façon très singulière, où l’on donne beaucoup de place à l’individu. Je suis ravie de pouvoir parler en français à Rome de cette actualité des écoles qui est très importante dans le cadre du renouveau de la Rome Fashion Week. Ravie de vous rencontrer aujourd’hui Alain !

Alain Soreil : Ravi également, je rajouterais que c’est aussi dans le cadre de la volonté de la maire de Paris et du jumelage entre Rome et Paris avec la volonté de créer des partenariats. Et avec l’académie de Belle Arti de Rome c’est un partenariat que j’attendais depuis très longtemps, depuis 3 ans à peu près. On vient de signer des conventions de partenariat très récemment il y a 2 ou 3 mois on a déjà reçu 25 étudiants de Rome qui sont venus chez nous à l’école Duperré sur une journée et puis on leur a proposé un certain nombre de visites dans des entreprises du monde du luxe, dans les musées de mode parisiens, etc Et on a passé une journée formidable avec eux. On a envie de d’organiser des événementiels ensemble puisqu’on en fait beaucoup à l’école Duperré. Avec l’étranger, à Cuba, en Arménie dernièrement la Nouvelle-Orléans, on est extrêmement sollicité par les ambassades. Je proposais donc à nos amis de le faire ensemble par moment d’amener des étudiants italiens avec les étudiants français et puis de se projeter dans le monde entier et puis imaginer un certain nombre de choses.

Développer la singularité des étudiants et prendre soin de la santé mentale

Delphine : Dans l’éducation des jeunes il y a bien sûr le côté académique mais aussi une grande bienveillance qui s’exprime au travers de la personnalité et de la philosophie du doyen de l’école Duperré. Prendre soin de cultiver l’esprit de famille, l’esprit de fête, accepter son identité sexuelle et apprendre à s’aimer ce que l’on pourrait apparenter à prendre soin de la santé mentale des étudiants même si le terme exact n’a pas été prononcé dans notre discussion.

Ce qui m’intéressait, c’était plutôt une surexposition de rencontres, de beaux événements, de beaux moments de vie

Alain Soreil : après ce qui m’intéressait également c’était d’imaginer un système entre plusieurs grandes écoles européennes de mode qui nourrisse les étudiants au maximum parce qu’un étudiant pour moi il est déjà doué d’origine. Quand ils arrivent dans nos écoles c’est qu’ils ont eu tous les codes scolaires. Du coup leur diplôme Bachelor ou leur master c’est même pas un suspense, on sait que dès qu’ils rentrent chez nous ils les ont et ce qui m’intéressait c’était plutôt une surexposition de rencontres, de beaux événements, de beaux moments de vie qu’ils puissent s’en imprégner fortement et développer surtout leur singularité

Pour cela je souhaitais qu’on que l’on se lié davantage avec avec Ben notamment l’académie des beaux-arts de Rome avec notamment un doute un double diplôme que l’on souhaiterait donc il faut qu’on travaille à ça en regardant nos catalogues de cours respectifs et voir comment un étudiant Romain puisse être diplômé à la fois de sa belle école et de la nôtre en même temps et en réciprocité les nôtres également et que ça ils puissent s’en prévaloir aussi dans le monde de la mode qui est quand même vaste au niveau européen, mais c’est quand même un monde petit, c’était un peu cette idée aussi …

Delphine : ça fait véritablement écho à ce que représente Rome qui est quand même une ville unique au monde où l’on retrouve toutes les académies de la culture, les académies internationales : l’académie de Belgique, bien sûr l’académie de France à Rome, l’académie Américaine, Roumaine, toutes les grandes académies qui ont choisi Rome. Quel sens voyez-vous à ce parcours de formation académique et culturel ici à Rome?

Education et Identité Sexuelle

Les étudiants jouent beaucoup sur ce qu’est la vie, c’est à dire la sexualité très fortement, et la mort en même temps

Alain : complètement puis on dit pas pour rien que Rome c’est la ville éternelle, mais la ville éternelle c’est la vie et c’est la mort en même temps. Et si on regarde les étudiants de nos écoles, ils jouent beaucoup sur ce qu’est la vie, c’est à dire la sexualité très fortement, et la mort en même temps, donc c’est cet antagonisme, c’est ce grand écart qu’ils font toujours.

Et venir à Rome c’est aussi s’imprégner simplement en regardant partout il y a énormément de belles choses. Quand on travaille dans ces milieux là on a besoin d’être une vraie éponge, d’être capable de s’imprégner de tout ce qui est beau, de tout ce qu’on ressent de la vie. C’est une ville vivante aussi Rome, donc si on veut rencontrer la vie il faut sortir de sa grotte, je ne veux pas dire qu’à Paris c’est une grotte mais c’est un peu la même chose. Ils doivent sans arrêt rencontrer des gens, discuter, se connaître, faire la fête ensemble et puis proposer des choses avec une grande générosité.

Delphine :

Apprendre à s’aimer, sexuellement déjà, de quel genre ils sont … et quand on va passer à la création elle ne va pas être fade, elle va être incarnée.

Alain : Moi si vous voulez je dis toujours à mes étudiants, comme je le disais tout à l’heure, qu’ils ont une brillance, ils sont forcément diplômés déjà en rentrant à l’école, et je pense qu’aux Beaux Arts de Rome c’est pareil. L’important c’est d’apprendre à s’aimer. Suivant le système scolaire même c’est pas forcément le cas, on vous demande de suivre une route bien tracée, ne pas vous tourner la tête à trop à gauche trop à droite, de pas regarder ses pieds, de ne pas prendre le temps.

Quand vous êtes étudiant en art, la création ne se décrète pas à la seconde près. Vous êtes obligé d’avoir des temps très longs ça veut dire qu’ on travaille sans arrêt contrairement à ce que un néophyte pourrait imaginer. ils travaillent sans arrêt parce qu’ une fois que l’idée est enclenchée elle en pousse une autre. On est obligé de la créer parce que sinon elle est chassée par une autre et elle disparaît …

Apprendre à s’aimer

Tous ces jeunes qui arrivent chez nous, il y a beaucoup de temps déjà avant de s’aimer sexuellementde quel genre ils sont. Parce que c’est aussi des choses comme ça, dans nos écoles, on aide les étudiants à s’épanouir et à s’accepter. Mais du coup on soigne les familles aussi. ils sont obligés de se dire on est comme ça il faut nous aimer comme ça. On va pas dire qu’ on est dans une zone protégée mais oui un petit peu et pendant ce temps-là, ils s’aiment, ils se regardent devant la glace, ils se trouvent beaux, ils se trouvent intelligents mais il faut être capable de l’accepter, se le dire

Et à partir du moment quand vous leur demandez de passer à la création, eh bien la création elle ne va pas être fade, elle ne va pas être incolore elle va être une création qui va qui être incarnée et du coup il va avoir beaucoup de passion beaucoup d’amour dans ce qu’ils donnent beaucoup de générosité c’est ce qu’on leur demande aussi donner beaucoup parce que le designer dessine la vie il est là pour créer du bonheur au niveau des gens et puis on le sait très bien un homme ou une femme qui veut se faire qui va pas très bien mais qu’est ce qu’elle fait je sais quoi faire elle va acheter un vêtement

Developper la resilience

Ben si vous serez quand même heureux, quoi qu’il arrive, ça c’est qu’un paramètre …

Delphine : En plus de la bienveillance, il y a aujourd’hui une aptitude qui est fondamentale pour les jeunes designers, c’est de développer la résilience. Ne pas se laisser abattre par le sentiment d’impuissance, face aux catastrophes climatiques, la guerre, la pauvreté, … Et pour cela l’école Duperré est engagée dans des projets très concrets notamment à l’international pour venir en aide aux étudiants en situation de très grande difficulté. Le ressort est toujours le même, très spirituel et concret tout à la fois pour le Fashion designer: sentir la force de vie qui est en lui et montrer qu’on peut toujours se débrouiller comme nous l’explique Alain Soreil.

Alain : Nos générations de jeunes quand même qu’est-ce qu’ils entendent, un discours décliniste en permanence, la fin du monde, l’environnement vous n’aurez pas çi, vous n’aurez pas ça. On leur dit Ben si vous serez quand même heureux quoi qu’il arrive ça c’est qu’un paramètre, mais vous êtes vivant donc déjà être vivant c’est quand même une chose extraordinaire. Donc comment le rendre avec ce que l’on a? peut-être en faisant attention en matière, en faisant attention à la traçabilité des vêtements, les porter différemment, l’upcycling, changer, innover, mais déjà innover, c’est être vivant. Donc il y a cette notion de plaisir et on l’a vu aujourd’hui dans ce qu’ils ont proposé tous ces étudiants de nos 2 écoles au défilé, c’était extrêmement chaleureux extrêmement sensible et puissant …

si vous proposez quelque chose quand vous êtes vraiment en phase avec vous-même… vous avez matché

Alors pour tout artiste c’est comme ça, si vous proposez quelque chose quand vous êtes vraiment en phase avec vous-même, vous allez proposer une œuvre à n’importe quel publi, que ce soit en peinture, en sculpture, en photographie. Quand vous allez recevoir le public il va vous dire je déteste complètement où j’adore complètement. Là ça veut dire vous avez matché c’est super ça veut dire que vous avez obtenu une réponse. S’il dit oui bon c’est bon voilà alors là vous êtes-vous avez tout FAUX !! Ca veut dire vous n’avez pas été vous-même, c’est quelque chose de commercial, c’est quelque chose de déjà vu, il n’y a pas eu de communication, voilà c’est un peu ce que j’essaye de leur faire comprendre …

Une philosophie humaniste

Alain : c’est déjà parce que je suis artiste peintre international, j’ai 2 casquettes donc c’est un peu ce que je fais dans mon travail je suis artiste peintre c’est ma personnalité c’est ma philosophie donc je j’ai voulu c’est ma 4e année de direction de l’école Duperre j’ai voulu insuffler cela et en même temps ils ont des cours d’humanité aussi donc de philo qui sont tournés autour de ça, la connaissance du monde, le problème philosophique… 

L’esprit de fête et de famille

L’esprit de fête et organiser l’after Fashion week parisienne pour que les Alumni puissent se ressourcer en famille

Alain : il y a ce que j’essaye d’apporter, je veux dire c’est aussi important de faire des fêtes : on fait beaucoup de fêtes à Duperré , les étudiants ont une très grande liberté, il y a des DJ qui viennent, ils ont des groupes de musique, et cetera. Il y a les Alumni qui reviennent, il y a l’esprit de famille.  J’imagine même sur les Fashion Week, j’aimerais à terme que ça soit l‘after Fashion Week parisienne où ils reviennent à la maison. Vous voyez comme quand vous êtes petit vous êtes chez votre maman il y a plein de choses de saveur que vous avez et quand vous vous quittez vous êtes adulte à 30 ans 50 ans vous venez toujours à la maison et vous vous considérez toujours comme un bébé parce que vous goûtez le bon plat de votre maman, de votre grand-mère et cetera et vous sentez bien.

Et j’avais envie que sur aussi sur des temps de Fashion Week importants les fashion designers – qui courent de défilé en défilé avec leur berline noire qu’on voit à Paris ou ailleurs, qui courent après le temps et ils ont été concentrés énormément avant pour leur collection avec ce stress et après ça recommence… – je voudrais qu’ils aient un temps de pause avec de la musique et on leur demande rien et qu’ ils puissent s’installer dans des fauteuils comme on est là, boire un cocktail, écouter de la musique danser et faire la fête et se sentir entre eux parce que c’est quand même une famille, il faut pas oublier que même si je dis se faut se tourner sur les autres il faut aussi pouvoir se ressourcer et des fois c’est ma crainte c’est qu’ils n’aient pas le temps de se ressourcer et qu’ après ils soient rejetés, has been ou je ne sais pas, qu’ ils ne comprennent pas pourquoi

Les projets des étudiants à l’international

je leur dis « bon j’ai fait ça pour vous gratuitement, en retour je vous demande qu’une chose humainement c’est que vous alliez donner 3 ans à l’Arménie pour d’autres jeunes qui n’ont pas pu bouger »

Les mini antennes Duperré

Et les projections sur les milieux étrangers je le fais également notamment à Cuba dans des dans des endroits où les jeunes sont autodidactes et on propose des mini antennes Duperré sur un temps après on se retire comme en Arménie. On fait ça en y rêvant où on fait un studio de création on forme des Arméniens à fonctionner de notre manière à nous en design de mode et pour sauver les savoir-faire et cetera, on fait des workshops sur place sur nos financements propres et comment dire on accueille des étudiants Arméniens à qui on fait suivre nos 3 ans de Bachelor

Et je leur demande en échange alors c’est ma philosophie ça vous fait rire si je leur dis bon j’ai fait ça pour vous gratuitement en retour je vous demande qu’une chose humainement c’est que vous alliez donner 3 ans à l’Arménie pour d’autres jeunes qui n’ont pas pu bouger vous allez donner 3 ans dans cet espace de studio de création pour en former d’autres et vous passez le relais 3 ans on vous accompagné après on se retire.

On peut se débrouiller toujours …

Parce qu’on a d’autres endroits dans le monde notamment en Afrique, à Cuba, avant la pandémie on avait imaginé ça parce qu’il y a beaucoup de cubains qui me disaient que je croisais j’avais fait un casting sauvage pour faire un défilé à la Havane ça avait hyper bien marché et il disait Ben vous savez on adorerait ça mais c’est pas trop facile politiquement mais je dis que c’est les Français qui l’organisent on arrive à bouger les choses et on pourrait vous accompagner. Bon la pandémie est venue par là on va relancer nos réseaux pour que ça se fasse puis il y a l’embargo des matières premières

Mais on aime bien aussi leur montrer qu’on peut travailler sur le local c’est à dire que bon ils ont le tabac, les feuilles de tabac, on dit on va essayer de travailler avec des beaux textiles qu’on peut avoir à Loro Piana ou à d’autres endroits nous les emmenons avec nous dans nos bagages et puis voir comment avec nos étudiants ils peuvent associer les feuilles de tabac avec ça, imaginer de montrer qu’on peut se débrouiller toujours, ça correspond à ce que je disais tout à l’heure que quelle que soit la catastrophe qu’on nous annonce il y aura toujours des gens qui ont envie de faire de la mode, on appelle ça comme on veut mais il y a toujours ce qu’on a vu dans le défilé, la partie de l’étudiant Nostalgia qui était là et qui faisait un peu ça aussi …

Doyen et Humaniste

Delphine : Dans les industries créatives comme la Mode, comment encourager les Designers à développer leur créativité dans des contextes parfois extrêmement difficiles comme les crises, les conflits, la censure ou le puritanisme? A l’école Duperré, le doyen a plus qu’une opinion sur le sujet, je dirais plutôt une philosophe et des valeurs. Sans oublier au’ Alain Soreil a aussi une double casquette d’artiste peintre international. Qui mieux qu’un artiste peut comprendre les valeurs essentielles pour un créateur de mode ?!

je n’ai pas de limite sur la liberté, je ne devrais peut-être pas dire ça mais je n’ai aucune limite sur la liberté …

Alain : Et ce que je leur je prône aussi, c’est que je leur montre, c’est la confiance que je leur donne, c’est à dire que je n’ai pas de limite sur la liberté, je ne devrais peut-être pas dire ça mais je n’ai aucune limite sur la liberté : on peut pas limiter un designer si on veut aller au bout des choses, ou un créatif, donc il n’y a pas de limite. Ils me demandent sans arrêt hein alors c’est les abeilles autour de la ruche, ils tournent autour de moi sans arrêt et ils me demandent : Monsieur Monsieur Monsieur Monsieur pour ouvrir le samedi, le dimanche, pour ouvrir le soir plus tard pour voilà ils ont toujours des choses extraordinaires je vous promets monsieur c’est voilà …ils savent que je dis oui parce que je peux pas faire autrement dire oui, ils me connaissent, ils connaissent ma personnalité mais je trouve ça très mignon en même temps Et puis c’est important parce que ça veut dire qu’ ils viennent ils se confient ils ont confiance.

Ben en retour je leur dois toute la confiance. Voyez même sur le temps de Rome là Eh Ben ils vont être en liberté sur le temps défilé ils sont en liberté je leur ai donné une somme d’argent pour qu’ils soient libres, ils ont l’hébergement et puis une somme d’argent. Ils font ce qu’ils veulent s’ils veulent passer 3 jours à boire des Spritz en terrasse ils le font parce que ça correspond à ce que je disais tout à l’heure : je m’imprègne d’ un lieu, je suis heureux avec mes amis , ils vont sûrement faire des rencontres, sur un moment d’ événement commun ils vont lier connaissance et puis ils vont peut-être les inviter, ils vont créer des réseaux, ils vont les inviter à Paris où ils ont des logements et rien que ça …

Humaniste moderne

Delphine : Je vous rappelle que je suis Reporter podcast et que je laisse une grande part aux rencontres spontanées dans la façon dont je vis et je couvre un évènement. Cette rencontre avec Alain Soreil n’etait pas prévue je remercie encore mon amie Lavinia Caldani pour nous avoir presentes. Et je vais vous raconter pourquoi les rencontres inattendues sont parfois les plus belles. Dès les premières minutes de notre discussion avec Alain, j’ai compris que j’avais en face de moi une personne spéciale, un humaniste moderne, et que notre discussion serait vraie et non conventionnelle. Je vous rappelle que la question de l’identité sexuelle et de l’amour de soi dans l’éducation des jeunes Designers est arrivée naturellement et spontanément. Alors c’est quoi être Doyen d’une école de Mode et Humaniste moderne. Ecoutons Alain Soreil ?!

Alain Soreil : tout ce que je fais je sais pas si vous l’entendez c’est extrêmement passionné donc donc avec les étudiants il y a ça aussi qui se passe. Je veux dire ça en me flattant mais je suis un directeur qui est très très proche d’eux dans la réalité. Je m’en fiche de la hiérarchie de ce qu’il peut y avoir ce qui m’intéresse je veux savoir sans arrêt ils sont heureux et gentil, sans arrêt ce dont ils ont besoin en termes de Fab Lab, ce qu’on peut imaginer mais ça c’est très technique … mais simplement par rapport à ce que je disais même donc je suis à leur service en permanence, en permanence et ils le savent très bien.

Ils ont bien raison dans en profiter parce que mon idée c’est de les surexposer sur les 3 ans ou 5 ans qu’ils sont là pour les rendre beaux comme des étoiles quand vous arrivez ici Ben moi je veux que vous soyez hyper brillants hyper beaux parce que sinon c’est qu’on n’a rien fait et ça serait moche et honteux. L’énergie que vous avez eu pour entrer dans notre école et le rêve que vous aviez bien il faut qu’on insiste lourdement et que même on va vous apporter des choses auxquelles vous n’avez pas pensé et ça viendra simplement parce que je vais vous mettre en rapport avec des environnements et c’est vous qui allez vous en emparer donc oui vous n’avez pas besoin de moi.

Moi je suis juste un passeur d’amour, on va dire de lieu, d’image, de je sais pas quoi, passeur et puis après je me retire en marche arrière sur la pointe des pieds pour me faire oublier parce que c’est le principal voilà c’est un peu un peu ma philosophie. C’est très lié aussi à ma personnalité aussi à la politique qui est menée c’est une politique vraiment humaine, offensive au niveau international, mais offensive au niveau de l’envie sans arme sans guerre.

Si vous souhaitez entendre l’intégralité de notre entretien, rendez-vous sur le podcast en cliquant sur le lien direct en haut de page (pas d’application à télécharger) ou tapez 2goodmedia sur votre plateforme d’écoute préférée.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la Rome Fashion week, écoutez mon podcast avec sa Présidente, Silvia Venturini FENDI, sur le tournant historique et le statut de fondation.

Contacts

Merci d’avoir été attentif jusqu’au bout. Et si vous souhaitez avoir plus de renseignements sur l’école Duperré à la Rome Fashion Week, c’est sur ce lien.

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